Sergueï Lavrov estime illogique l'expulsion des ambassadeurs syriens par les pays occidentaux et du Golfe Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a refusé mercredi, d'évoquer le départ du pouvoir du président Assad et il a critiqué le rappel d'ambassadeurs arabes et occidentaux. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a appelé hier l'Occident à «ne pas se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine» en Syrie et estimé que le peuple syrien devait décider lui-même de son sort. «Nous condamnons évidemment toute forme de violence d'où qu'elle vienne. Mais il ne faut pas se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il faut laisser les Syriens décider eux-mêmes de leur sort», a déclaré M.Poutine, cité par les agences russes. Evoquant la situation en Syrie, mais aussi en Libye, M.Poutine a souligné qu'il fallait «bien entendu laisser la possibilité aux peuples de ces pays de résoudre eux-mêmes leurs problèmes». «Notre tâche, c'est de les aider sans aucune forme d'ingérence», a-t-il ajouté, en allusion aux pays occidentaux qui réclament notamment le départ du président syrien, Bachar Al Assad. Rentré hier à Moscou venant de Damas, où il effectua un court séjour, M.Lavrov n'a pas voulu répondre à un journaliste qui demandait s'il avait évoqué avec le président Assad l'éventualité de son départ du pouvoir pour résoudre le conflit dans son pays, estimant que toute solution à la crise syrienne devait être décidée par «les Syriens eux-mêmes». «Toute conclusion du dialogue national doit être le résultat d'un accord entre les Syriens eux-mêmes, acceptable par tous les Syriens», a-t-il ajouté. «Nous soutenons toute initiative visant à créer les conditions pour un dialogue entre les Syriens», a souligné M.Lavrov, «et c'est ce que doit faire la communauté internationale, que ce soit le Monde arabe, l'Europe, les Etats-Unis et d'autres régions du monde». «Essayer de déterminer à l'avance le résultat du dialogue national n'est pas l'affaire de la communauté internationale», a souligné le ministre russe. M.Lavrov a estimé aussi que la communauté internationale devait convaincre les parties de se mettre à la table de négociations, affirmant que M.Assad lui avait «confirmé» être prêt à des pourparlers. «Nous comptons sur ceux qui ont une influence sur l'opposition pour l'encourager à commencer un tel dialogue», a encore jugé M. Lavrov. Il a ensuite critiqué la décision de plusieurs pays arabes et occidentaux de rappeler leurs ambassadeurs à Damas, estimant que cela ne favorisait pas la mise en oeuvre de l'initiative de la Ligue arabe pour une solution au conflit syrien. «Nous ne comprenons pas cette logique de même que la décision précipitée de geler l'activité de la mission d'observateurs de la Ligue arabe en Syrie», a déclaré le ministre. «Je ne pense pas que le rappel d'ambassadeurs crée des conditions favorables pour la mise en oeuvre de l'initiative de la Ligue arabe», a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont fermé lundi leur ambassade à Damas pour raisons de sécurité. La Belgique, le Royaume-Uni, l'Espagne, la France, l'Italie et les Pays-Bas ont annoncé le rappel de leurs ambassadeurs pour «consultations». Les monarchies du Golfe ont expulsé les ambassadeurs de Syrie de leurs pays et décidé de rappeler les leurs de Damas, pour dénoncer un «massacre collectif». Sergueï Lavrov, qui s'est rendu en Syrie mardi pour y rencontrer Bachar Al Assad, avait déclaré avoir eu une rencontre «très utile» avec le président syrien, qui a promis de «faire cesser les violences d'où qu'elles viennent». Cette visite intervient après le veto de la Russie et de la Chine samedi à l'ONU à un projet de résolution du Conseil de sécurité présenté par les Occidentaux et par des pays arabes condamnant la répression en Syrie.