Agé de 47, Abdelaziz Belaïd, médecin et avocat, a déjà un parcours politique riche en rebondissements. Il a été l'un des membres fondateurs de l'Union nationale des étudiants algériens. En 1989, il est élu au comité central du FLN. Abdelaziz Belaïd a exercé deux mandats parlementaires. Durant la législature 1997-2002 et 2002-2007. Aujourd'hui, il dirige sa propre formation politique, le parti El Moustakbel qui organise ce jour, son congrès constitutif. L'Expression: Si on vous laisse le soin de faire votre propre portrait en quelques mots, que diriez-vous? Abdelaziz Belaïd: Je dirais que je suis un militant, simplement. Je le suis d'ailleurs pour la défense des causes des jeunes, au niveau national. Au plan international et régional, j'ai toujours milité pour que le peuple sahraoui puisse un jour accéder à sa souveraineté et à son indépendance. Idem pour le peuple palestinien. Issu du mouvement des Scouts depuis mon enfance, en 1975, les causes des peuples sahraoui, palestinien, comme tous les peuples opprimés dans le monde, ont forgé mon combat au fil des ans. A quel moment aviez-vous décidé de créer votre propre parti? J'ai décidé de lancer ma propre formation politique, après avoir quitté le FLN au lendemain du 9e congrès où les congressistes m'ont élu membre du comité central. A ce propos, j'ai écris une lettre aux militants leur annonçant ma démission de cette formation politique. Aujourd'hui, avec des camarades, nous sommes décidés à nous organiser en formation politique, avec un nouveau regard sur l'avenir et en se référant aux principes de notre Révolution notamment de la Déclaration de Novembre 1954. Nos revendications et propositions vont dans le sens de la construction d'une société de paix, de tolérance et de démocratie qui s'intéresserait à tous les segments de la société algérienne, notamment au segment de la jeunesse. Le congrès constitutif du PM se tient aujourd'hui à Alger. Pouvez-vous nous faire un état des lieux à la veille de ce congrès? En effet, notre congrès constitutif se tiendra à Alger. L'ouverture se fera à la salle Atlas de Bab El Oued. Les travaux des commissions se feront au niveau du complexe Matarès, à Tipasa. Le nombre de congressistes qui prendront part à cet évènement est évalué à 1200 militants. Les 48 wilayas du pays seront représentées. La communauté algérienne à l'étranger sera également présente. il y aura pour cela, les représentants de nos concitoyens vivant au Canada, en France, en Espagne, en Italie entre autres. En ce qui concerne la présence des femmes, elle est exceptionnelle. Elle représente un taux oscillant entre 30 et 40%. A signaler que dans certaines wilayas à l'image de Tindouf, les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes. De nombreux militants et cadres du FLN, laisse-t-on entendre, ont rejoint le parti El Moustakbel. Pourriez-vous nous confirmer cette information? Sans doute. Les gens sont libres de rejoindre notre parti, ils sont les bienvenus, puisqu'on partage des idées, des convictions, peut-être des craintes et on songe à un même idéal. Je ne dirai pas qu'il n'y a que les militants du FLN qui nous ont rejoints, mais ils sont venus également des autres partis et ils sont plus nombreux. Des hauts cadres de partis politiques appartenant aux autres formations ont exprimé leur désir de participer à la construction de l'édifice, le parti El Moustakbel. Nous avons même des députés en exercice dans nos rangs issus du Parti des travailleurs, des sénateurs nous ont rejoint aussi. Ils font désormais partie des nôtres. Vous avez un avant-projet politique à soumettre aux congressistes durant ces deux jours. Quels sont les grands axes qui y sont développés? En effet, sur le plan économique et social, notre projet est inscrit dans le registre de la social-démocratie. Selon notre vision, la social-démocratie est la doctrine qui sied le plus à la société algérienne. Sans la justice sociale et la démocratie, notre pays ne peut pas asseoir une véritable paix sociale. Sur un autre plan, la démocratie en Algérie doit être un outil qui garantirait l'alternance au pouvoir. Celui qui accède aux hautes institutions du pays doit accepter le verdict du peuple, si un jour il décidera autrement. Si vous accédez un jour au pouvoir, quelle serait votre première décision? Ce n'est pas une décision, mais un chantier à lancer: j'engagerai les moyens et prendrai des mesures idoines pour réaliser les rêves basiques de tout Algérien. C'est-à-dire, toit et un travail pour chaque citoyen. A contrario, si un individu n'a ni travail, ni toit, à mon avis, il risque fort bien de ne pas se sentir algérien, donc étranger à ce pays. Et notre sentiment au parti El Moustakbel est de réunir les conditions de manière à ce que chaque Algérien se sente profondément appartenir à cette patrie.