Une colère sourde envahit les milliers de familles sinistrées logées dans les camps de toile. «Le président réussira-t-il à tenir ses promesses?» se demandent-elles avec inquiétude. Tous les mots ne suffiront pour décrire les conditions lamentables dans lesquelles les milliers de familles sinistrées vivent dans les camps de toile. Nous sommes le 29 septembre, soit quatre mois et 8 jours après la terrible journée du 21 mai. Le ciel s'assombrit et se fait menaçant, c'est l'automne annonçant un hiver rigoureux. Les dernières averses, accompagnées de bourrasques de vent inquiètent à plus d'un titre les pères de famille qui se préparent à la rentrée scolaire. Les émeutes qui ont éclaté quelques jours avant à Bordj Menaiel attisent la colère grandissante de ces derniers pour le retard dans les travaux de réfection et de reconstruction des immeubles et infrastructures éprouvés par le séisme. La population de Boumerdès remet en cause la classification des experts qui, selon eux «n'est pas adéquate». Cette même population remet également en cause les procédures d'attribution des logements et chalets. Le doute s'installe sur les listes établies par les comités de quartier et autres cellules. L'APC ne désemplit pas de citoyens en colère. La confusion dans le traitement des dossiers et l'inquiétude aidant, des centaines de logements ont été squattés. Les violentes chutes sporadiques qui se sont abattues ont déclenché l'ire des familles qui ont choisi la rue pour exprimer leur désarroi. A Boumerdès, Legata et bien d'autres communes, des mouvements de protestation se sont succédé. La raison d'Etat a mis en branle ses moyens de dissuasion et de répression. Des jeunes adolescents ont frôlé la prison et leur avenir, du coup, est menacé. «Pourquoi, les autorités ont sévèrement réprimé le squattage des logements par les sinistrés alors que les mêmes autorités ont eu recours à la justice pour déloger des centaines de squatters à Si Mustapha?» se demandent la plupart des citoyens de la wilaya. Les pluies n'ont épargné aucun site, des tentes ont été emportées par le vent, mettant à nu les familles devenues, par la force des choses, doublement victimes des caprices du temps et «du laxisme des autorités locales». La protesta a très vite fait le tour des sites provoquant une vive tension. L'arrivée des journalistes sur les lieux était une occasion pour les pères et mères de famille d'exprimer leur déception et leur désarroi. Des citoyens étaient dans l'expectative. La question sans réponse qui hante les esprits est: «le président de la République réussira-t-il à honorer ses engagements?». Les prémices «évidentes» d'un hiver rigoureux amènent des citoyens de tout âge à perdre espoir «d'être relogés avant l'hiver, tel que promis par M.Bouteflika».