Le secrétaire général du FLN a révélé comment des cadres ont subi des pressions de la part de la plus haute institution du pays. C'est un Ali Benflis très en forme, maniant le verbe, prompt à enflammer les foules, qui a pris place hier, sur la terrasse du siège du parti, pour reprendre officiellement la réunion du comité central ouverte au mois d'août passé. «Le pays vit de très graves dérives. Des dérives moyenâgeuses en direction d'un parti souverain, de la presse et de beaucoup de citoyens». C'est en ces termes que le secrétaire général du FLN, entouré de tous les membres de son bureau, avec la présence exceptionnelle des ministres démissionnaires et de Boualem Benhamouda, a entamé son discours. Sans jamais le citer nommément, «car telle n'est pas la culture de l'école FLN», Benflis a stigmatisé le «comportement de Bouteflika et de son entourage dont «la soif de pouvoir a aveuglé les yeux et le coeur». D'allusion en allusion, Benflis tentera de convaincre, à travers les médias nationaux et étrangers présents en force pour la circonstance, que «le peuple ne croit plus au messie». Etablissant une comparaison entre le futur programme électoral de son parti dans sa course à la magistrature suprême et ce qui est en train d'être fait actuellement, Benflis martèle que «nous n'avons pas tapé dans la caisse, nous sommes propres, nous». Devant un parterre chauffé à blanc, il poursuit que «le FLN n'est pas un parti de coopérants». Allusion claire aux ministres proches de Bouteflika venus tous de l'étranger et ignorant en grande partie les réalités composant la société algérienne. Preuve en est, insiste Benflis, que «sur les 54 mouhafadhas que compte le parti, ils n'ont réussi à en prendre que trois, que nous avons pu récupérer grâce au courage de certains magistrats qui ont pris des risques en agissant en leur âme et conscience». Pour ce qui est des ordres, les circonstances liées à la visite de Bouteflika dans le fief de Benflis, il dira que «le FLN est un parti qui n'a pas de dirigeants qui craignent d'aller à la rencontre du peuple». Un système pareil, pour se «perpétuer, ne peut le faire que s'il a recours à l'intimidation». En effet, Benflis estime que le pouvoir est de ceux qui considèrent que «ceux qui n'applaudissent pas doivent craindre pour leur personne». Là, des exemples sont livrés pour la première fois à la presse par le secrétaire général: «Une très haute institution du pays, pas l'armée je le précise, a convoqué presque un à un les députés du FLN pour leur promettre des postes ministériels. Une fois que la démarche a été éventée, les députés approchés se sont rendu compte qu'il y avait au moins une centaine de postes ministériels à pourvoir. Idem pour les fauteuils sénatoriaux». Or, si ce pouvoir n'obtient pas ce qu'il veut par la carotte, même fausse, il a automatiquement recours au bâton. «Sinon, comment expliquer que le parti FLN soit condamné par la justice en pleine nuit, sans que les concernés n'aient été convoqués!? Pis, le verdict n'a pas été rendu durant la séance plénière. Il n'a donc pu être pris que dans une quelconque officine, comme en témoigne le communiqué qui en a émané». Hier, jusqu'à l'heure où nous mettons sous presse, les travaux du comité central, ouverts à la presse, se poursuivaient. Les rumeurs allaient bon train sur la tenue du congrès durant la nuit de vendredi à samedi. Les délégués arrivaient sur place alors que les badges étaient distribués.