Pour rappel, le 13 février 1960, la France faisait exploser sa première bombe atomique intitulée «Gerboise bleue», dans le ciel de Reggane en plein Sahara algérien. L'Observatoire des armements, qui est un mouvement antimilitariste français, a réclamé lundi dernier, «justice et vérité pour toutes les victimes des essais nucléaires français dans le Sahara algérien et le Pacifique», et cela, il faut le souligner, est un acte courageux et digne de son nom, qui va dans le sens de la réaction à la persistance du discours officiel vantant leur quasi innocuité, malgré le désastre humain et environnemental 50 après l'Indépendance du pays. Dans sa dernière lettre de ce mois de février parue dans la revue Damoclès, cette organisation affirme que son action oeuvre dans le sens de la réhabilitation de la vérité et de la justice en faveur des victimes des essais nucléaires, «qu'il faut impérativement indemniser». L'Observatoire des armements s'interroge de manière solennelle «sur les raisons de la persistance de ce discours officiel français qui «vante son discours aberrant de la quasi-innocuité». De plus, l'Organisation des armements s'interroge également sur les dessous de cette campagne qui ne devrait pas avoir lieu, du moment qu'elle va à contre-courant de l'histoire et des relations bilatérales. «S'agit-il encore de couvrir quelques anciens dirigeants, politiques, civils ou militaires qui portent la responsabilité d'avoir exposé sciemment aux risques de contamination radioactive leurs personnels et les populations vivant dans l'environnement des zones d'essais au Sahara et en Polynésie?» Un véritable appel aux consciences des gens justes et dignes de leurs responsabilités, s' est interrogé l'éditorialiste de Damoclès. L'auteur se demande aussi si le propos n'est pas de défendre des institutions au service de la protection radiologique des armées, Service historique de la Défense qui encore aujourd'hui, gardent la maîtrise de l'information et des archives des essais nucléaires. Commentant la loi Morin adoptée en 2010 et prévoyant, pour la première fois, l'indemnisation des victimes de ces essais, l'éditorialiste relève que cette loi est «tellement bien verrouillée depuis plus d'un an après son entrée en vigueur, que seules deux personnes ont pu bénéficier d'une indemnisation», regrette-t-il. Le décret en question, réintroduit le discours sur l'innocuité des essais nucléaires français et autre version sur les essais propres et l'applique à la loi portant sur l'indemnisation des victimes de la tragédie de Reggan dans le Sud algérien.