La Kabylie reste l'enjeu principal de la prochaine campagne présidentielle d'avril 2004. Depuis le dernier appel du Président lancé à partir de Sétif, les choses n'ont pas évolué d'un iota. Pris dans l'étau des radicaux d'un côté et des dialoguistes de l'autre, la région se retrouve entre le marteau et l'enclume. Entre les partisans de la solution négociée et les «préalabistes», la Kabylie se retrouve l'enjeu de politiciens qui risquent de nuire à son développement. En outre, si le boycott des législatives de mai dernier a été un succès sur le plan technique, il n'en demeure pas qu'il lèse la Kabylie qui n'a pas de véritables représentants légitimes au sein des institutions. En effet, entre le radicalisme du pouvoir qui n'a jamais fourni suffisamment de gages pour mettre en évidence sa bonne volonté de solutionner la crise et la permissivité des autres délégués à tout dialogue «s'il est dépourvu d'entourloupe» et qui reflète, selon eux, le véritable pouls politique de la Kabylie, le fossé ne cesse de grandir au détriment de la population qui ne sait plus à quel saint se vouer tant son quotidien est plein de marasme et son devenir socioéconomique incertain car ni le pouvoir, ni les partis politiques, ni les délégués, qui ont pris la tête du mouvement de contestation dans la région, n'ont jamais proposé une solution concrète pour sortir la région de l'impasse. Ces trois acteurs se sont toujours cantonnés dans leurs logiques respectives. En effet, le pouvoir qui n'avait pas daigné répondre aux revendications populaires a toujours usé de la politique de l'usure tandis que les partis politiques n'ont jamais su exporter la contestation populaire en dehors de son cadre initial alors que les coordinations se sont confinées dans le caractère scellé et non-négociable de la plate-forme d'El-Kseur. Cet état de fait s'est traduit dans la réalité par des conséquences désastreuses sur le plan économique pour la région. Pourtant et après l'invitation lancée par le président de la République à partir de Sétif, tous les acteurs croyaient un dénouement positif de cette crise qui perdure depuis trois années. Mais entre temps, beaucoup de choses sont venues se greffer pour envenimer les choses. Le harcèlement des journalistes et la suspension de six titres indépendants auxquels est venue s'ajouter la crise du FLN ont fait que les choses ont pris du recul. En effet, les délégués des archs avaient posé comme préalable à tout dialogue la réapparition de tous les titres suspendus. Les titres en question ont depuis repris leur place sur les étalages à l'exception d'Errai. De ce fait pour les délégués des archs, le gouvernement actuel qui ne cesse de se remanier a perdu toute crédibilité. «Comment peut-on faire confiance à un pouvoir qui veut se maintenir par la triche et la fraude», ne cessent de clamer les délégués des archs. Mais avant tout, il ne faut surtout pas que la Kabylie soit le terrain propice des batailles électoralistes aux dépens de son propre développement.