Jamais rentrée scolaire n'a été aussi porteuse de fronde que celle en cours. Par différents canaux, les enseignants de la wilaya de Tizi Ouzou ont tenu à faire connaître leur mal-vie. Quand le salaire est régulièrement versé, ce qui est, semble-t-il, loin d'être le cas, les enseignants arrivent difficilement à «boucler» leurs fins de mois. Les organisations syndicales, notamment autonomes, et les collectifs d'établissement mettent en avant de leurs revendications la hausse des salaires, aussi bien le Satef que le Cnapest. Il semble que les autres points figurant dans les revendications, même si leur acuité est d'importance, laissent la place aux questions salariales. La nouvelle organisation des traitements, avec leur centralisation au niveau des directions de wilaya, a ceci de particulier: elle a généré plus de retard et est à l'origine de plus de conflits qu'elle n'a réglé de problèmes. D'ailleurs, nombreux sont les enseignants qui réclament le retour à l'ancienne formule. Lessivés, laminés, sous-payés, très mal considérés, ployant sous le poids de la surcharge d'élèves, menacés de mutation à chaque rentrée scolaire, les enseignants semblent être les souffre-douleur du système éducatif. Les diverses refontes et autres améliorations pensées dans les bureaux calfeutrés, semblent les avoir totalement ignorés. Prenant le superflu pour l'essentiel, des «cadres» de ce secteur ont longtemps développé des méthodes pour le moins absurdes. L'obligation du port de la blouse, le recours aux «artifices» de gestion, appelés management, ont laissé de côté la pédagogie pour...le clinquant. Aussi cette quasi-rupture de la communication entre les responsables et la masse des enseignants est à la base de plusieurs actions de protestation. Dernièrement, alors que le Satef organisait difficilement un rassemblement le 5 octobre, dans l'enceinte de la direction de l'éducation, un rassemblement difficilement tenu sous l'oeil de policiers appelés en renfort et interdisant à une délégation du Satef de remettre au directeur de l'éducation la plate-forme de revendications, le Cnapest décide le même jour d'une grève dans les lycées et les technicums.Là aussi, c'est la guerre des chiffres. Réussie à plus de 90%, selon le Cnapest, à peine suivie pour la direction de l'éducation. Un fait est certain, c'est que les mouvements de grève sont généralement bien suivis par le corps enseignant. Les deux syndicats Satef et Cnapest divergent dans leurs conclusions tout en restant sur la même longueur d'ondes quant au général de revendications. Pour le Satef, «il est urgent et nécessaire que le directeur de l'éducation parte» et pour le Cnapest»: «Le problème de la direction de l'éducation ne se règle pas par le changement du directeur!» Et d'expliquer que «tout compte fait, ce directeur n'est pas différent de ses prédécesseurs et fait dans la continuité.» Par ailleurs, la tension couve au sein de l'université de Tizi Ouzou. En effet, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) multiplie les actions de protestation en vue de déloger le recteur auquel il impute le marasme et l'état de déliquescence jamais atteint par l'université Mouloud-Mammeri. Ainsi, après le rassemblement suivi d'un meeting observé le 16 septembre dernier devant le rectorat, le Cnes est revenu à la charge le 4 octobre avec une journée de protestation sur le site de l'université. A travers ces actions, les enseignants affichent leur volonté de dénoncer «l'attitude provocatrice et indigne du recteur et de son clan» et d'«exiger plus que jamais leur départ immédiat.» A cet effet, le Cnes qui persiste dans sa logique de redressement de l'Ummto lance un appel aux autorités de tutelle afin «qu'elles mettent fin aux comportements despotiques, malvenus et inacceptables» des responsables de l'université Mouloud-Mammeri. Dans ce sens, le Cnes a décidé d'entamer un processus de réflexion sur le redressement de l'université dont les deux axes prioritaires sont la mise sur pied d'organes et mécanismes de pilotage, de coordination et de gestion ainsi que la définition des critères de désignation des responsables. Pour cela, le Cnes considère que le redressement de l'Ummto ne peut être l'oeuvre d'un seul segment, mais celui du concours d'efforts de l'ensemble des organisations syndicales et associatives et que sa réalisation urgente passe nécessairement par l'accord et le soutien de la tutelle.