Le rassemblement s'est tenu non loin du siège de la Cncppdh Les mères des disparus racontent avec amertume leurs souffrances depuis la disparition de leurs fils. A moins de trois mois des élections législatives du 10 mai prochain, les familles des disparus montent au créneau pour demander de ne pas utiliser leur dossier comme fonds de campagne électorale.Elles ont tenu, hier à l'appel de l'association SOS disparus, un rassemblement à Alger pour, d'une part poursuivre leur quête de vérité et de justice et d'autre part, dénoncer l'instrumentalisation du dossier à des fins électoralistes par certains partis. Le rassemblement qui s'est tenu non loin du siège de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh), s'est déroulé sous l'oeil vigilant des services de sécurité qui ont déployé des dizaines d'agents pour parer à toute éventualité. Les protestataires ont dénoncé notamment, les propos tenus par le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounes, qui a déclaré, dans une interview accordée il y a quelques jours à un quotidien national que la majorité des disparus sont des terroristes. «A-t-il des preuves ou des témoins pour confirmer ses propos?», dénonce la mère d'un disparu.«Que M.Benyounes sache que le dossier des disparus n'est pas à vendre et il doit cesser de l'utiliser pour gagner des sièges à l'APN. N'oubliez pas qu'hier, il était partisan du slogan «pouvoir assassin» et aujourd'hui, il ne chante que «Fakhamatohou», a déclaré Hacene Ferhati, membre de SOS disparu.Munis des portraits de leurs fils et proches, les protestataires ont scandé des slogans hostiles au pouvoir.«Nos fils sont nos affaires, nul ne pourra nous faire peur», «Pas de décisions, pas d'élections jusqu'au retour des disparus», «On ne se lassera pas, on n'arrêtera pas la recherche de nos fils jusqu'à notre mort», sont entre autres slogans scandés par les familles des disparus. Les mères des disparus, usées par l'âge mais dont la détermination est toujours intacte dans l'espoir de trouver leurs fils, racontent avec amertume leurs souffrances et calvaires. «J'ai deux fils qui ont disparu en 1996 à Baraki. Depuis cette année, je n'ai aucune nouvelle d'eux. Je cherche la vérité et, avec tout l'argent du monde je ne peux pas les vendre», témoigne Mme Chihoub. A les entendre se plaindre, on a eu des frissons. «Comment voulez-vous que je l'oublie. Il était à la fleur de l'âge au 27e printemps. Il travaillait comme mécanicien à la Sonacome et une maudite journée du 31 décembre 1993, il est emmené de la maison à Kouba sans que je sache pourquoi. Qu'ils nous disent la vérité à son propos et qu'on nous rende justice», se plaint, pour sa part, Mme Chaguit Djegdjiga. «Je ne prends pas de l'argent et je ne me décourage pas dans ma quête de vérité et de justice, les hommes ne se vendent pas», a-t-elle ajouté.Mme Roumili Louiza, 70 ans, ne trouve pas les mots pour décrire ses sentiments 15 ans après la disparition de son fils, Kamel, agent de sécurité à l'université de Bab Ezzouar, père de deux filles et disparu le 10 mars 1997. «J'ai frappé à toutes les portes pour le retrouver mais en vain», regrette-t-elle, l'air bouleversé. Les familles de disparus ne veulent, donc, pas aggraver leur situation par l'utilisation de leur dossier comme fonds de campagne électorale.