SOS Disparus et le Collectif des familles des disparus en Algérie (CFDA) se sont rassemblés, hier, à la place du 1er Mai (Alger). La lutte des familles de disparus pour connaître la vérité ne s'arrête pas. Elles sont les seules qui n'ont pas fait leur deuil, ne sachant pas ce qui est advenu de leurs enfants. Munis des photos de leurs proches disparus, la quarantaine de parents présents au rassemblement exigent des pouvoirs publics l'ouverture d'enquêtes approfondies sur le sort de leur progéniture. Jusqu'à présent, l'Etat refuse d'en diligenter. «Je veux uniquement savoir si mon fils est mort ou vif. A chaque fois que je me rends au bureau de Farouk Ksentini (président de la CNCPPDH), il me dit que l'affaire est close. Moi, je ne veux ni argent ni logement, je veux seulement connaître la vérité. S'il est vivant, qu'ils me le ramènent. S'il est mort, que je puisse faire mon deuil», affirme Ali, 70 ans, père de Mourad, disparu en 1995. Le rassemblement s'est déroulé sans heurts. Les familles des disparus ont même pu dialoguer avec des passants, chose qui était impossible lors de leurs précédents regroupements. «Si vous ne demandez pas la vérité sur le sort des enfants de votre pays, alors le jour où l'Algérie succombera de nouveau dans la violence, ils viendront enlever vos proches et vous connaîtrez la souffrance atroce que nous supportons à l'intérieur», lance en direction de quelques femmes riveraines, Mme Aïcha, mère d'un disparu. Outre les appels pour «connaître la vérité» et «dénoncer la hogra de l'Etat», on pouvait entendre, «Non à la concorde, non à la réconciliation, pas de paix pour l'injustice», «Ksentini menteur». De nouveaux slogans audibles appelaient les dirigeants à entendre la voix du peuple, «sinon l'avenir des dirigeants actuels sera semblable à celui des dictateurs déchus dans le monde arabe». «Craignez Dieu ou vous aurez la même fin qu'El Gueddafi», scandaient les familles. La Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées est entrée en vigueur en décembre 2010. L'Algérie n'a pas encore ratifié ce texte. Selon un communiqué du CFDA, «la disparition forcée est l'arrestation, la détention, l'enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l'Etat… suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi». Notons que «depuis la mise en œuvre des textes d'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, nul ne peut déposer plainte contre les agents de l'Etat pour des crimes commis dans les années 1990, particulièrement pour les disparitions forcées».