Le chef de l'Etat mettra à profit ce périple pour s'allier le vivier électoral islamiste, histoire de couper la route à ses plus redoutables adversaires. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, quittera Alger pour un périple de dix jours qui le conduira successivement en Indonésie, en Malaisie et en Iran. Pour les cercles officiels, cette visite en Indonésie sur invitation de Megawati Sukarnoputri sera mise à profit par les deux chefs d'Etat pour «poursuivre le dialogue et la concertation entamés lors de la visite officielle effectuée en Algérie, en septembre 2002, par la présidente indonésienne, et faire également le bilan de la coopération bilatérale, à la lumière de la réunion tenue en juillet dernier par la commission mixte de coopération algéro-indonésienne». «Etablir des axes pour le renforcement de la coopération et d'élargir le champ des relations bilatérales». Les questions internationales de l'heure seront également examinées par les deux présidents, notamment celles qui concernent directement le monde musulman, à la veille de la tenue du dixième sommet de l'Organisation de la conférence islamique dont le thème officiel porte sur «la connaissance et la moralité au service de la oumma». C'est dans ce sens que la Malaisie sera la deuxième étape du périple asiatique du président Bouteflika qui assistera à Kuala Lumpur au 10e sommet de l'Organisation de la conférence islamique ( OCI) dont les travaux se dérouleront du 16 au 18 du mois en cours. L'Algérie, en tant que membre fondateur de l'OCI, tentera de contribuer au succès de ce sommet afin de revitaliser cette organisation pour qu'elle puisse jouer efficacement son rôle et permettre à la oumma de surmonter les défis qui se posent à elle et oeuvrer à la réalisation de ses aspirations à la paix et au développement. D'ailleurs, la Malaisie devra succéder, à la présidence de l'OCI, au Qatar pour trois années. Abdelaziz Boutef-lika achèvera sa tournée asiatique par une visite officielle en Iran du 19 au 21 octobre, à l'invitation de Mohamed Khata-mi. Cette rencontre entre les deux présidents «permettra d'affermir davantage la qualité des relations bilatérales» après avoir été rompues depuis l'interruption du processus électoral et l'accusation portée par Alger à Téhéran sur son soutien direct au terrorisme islamiste en Algérie. Le dégel n'a commencé qu'en 2000, lors d'une rencontre entre les deux chefs d'Etat en marge d'un séminaire tenu à New York sur le dialogue entre les religions sans avoir mis au courant le ministère des Affaires étrangères. Mais pour les observateurs avertis de la scène politique nationale et au fait des derniers soubresauts, et comme en politique le hasard est un concept révolu, il ne fait aucun doute que le chef de l'Etat mettra à profit ce périple pour s'allier le vivier électoral islamiste que compte notre pays, histoire de couper la route à ses plus redoutables adversaires qui jouent, eux, la carte nationaliste. La présence de Abassi Madani, autorisé, par le président en personne, selon certaines sources, à se rendre en Indonésie pour des soins médicaux, sur invitation du premier ministre indonésien Mohaled Mahathir, rend encore davantage plausible cette théorie. D'ailleurs, c'est de Doha que le numéro 1 de l'ex-FIS a fait sa première déclaration publique en dépit de toutes les interdictions le frappant. En effet, lors d'une interview accordée à la chaîne qatariote Al-Jazeera, Abassi Madani a appelé les Algériens à surmonter leurs divergences pour faire face à la crise actuelle qui sévit dans le pays. «L'heure d'un règlement du problème algérien a sonné. Et il est grand temps que tous les Algériens, quels que soient leur idéologie, leur statut social et où qu'ils soient, mettent la main dans la main et coopèrent», avait-il déclaré. C'était, selon les observateurs, le premier indice qu'un deal politique a été contracté entre le président de la République et le chef de l'ex-FIS dissous. En outre, la présence à Téhéran d'Abdelkader Hadjar, concepteur du mouvement de redressement du FLN, devra servir à l'élaboration d'une nouvelle stratégie avant l'élection présidentielle de 2004. C'est dire que cette visite risque de dépasser de loin son caractère diplomatique.