Le chef de l'Etat doit se trouver dans moins de deux semaines dans la même ville où réside le numéro un de l'ex-FIS. Ce sont des sources proches de la Présidence de la République qui ont affirmé hier dans certains médias étrangers que le chef de l'Etat, dès son retour de France, s'apprête à «mener un long périple dans les pays musulmans de l'Asie à partir du 11 octobre prochain». Le choix de ce périple diplomatique, dont le caractère électoral n'échappe à aucun observateur averti de la scène politique, signifie clairement que le chef de l'Etat, qui semble désespérer de mettre à son service le puissant parti du FLN, se soit définitivement résolu à jouer à fond la carte islamiste pour se garantir un second mandat. Le FLN, qui vient d'obtenir officiellement une autorisation pour tenir son congrès extraordinaire en vue d'officialiser la candidature de Benflis, échappe définitivement au contrôle des responsables du «mouvement de redressement» et de leurs tentatives de mettre cette fantastique machine électorale au service d'un second mandat pour le président Bouteflika. Ainsi, le président devra-t-il se rendre en Indonésie pour y rencontrer les plus hautes autorités de ce pays, avant de faire escale en Malaisie, à Kuala Lumpur afin, dit-on, de prendre part aux travaux de l'OCI (Organisation de la conférence islamique). Une occasion, affirment encore les mêmes sources, de rencontrer une bonne partie des délégations des pays islamiques présents sur place. Il n'est pas superflu de rappeler à ce propos que le numéro un de l'ex-FIS se trouve lui aussi à Kuala Lampur. Les rumeurs avaient circulé dans tout Alger sur le fait que «ce serait le président en personne qui serait intervenu afin que Abassi Madani puisse quitter le territoire national». Si l'on en croit les nombreuses informations diffusées régulièrement sur le site Internet de ce parti-dissous, il ne fait aucun doute que l'ancien homme fort de l'ex-FIS ne se trouve pas du tout en Malaisie pour des raisons de soins. Faisant fi de toutes les interdictions qui pèsent sur lui, à commencer par celle de se livrer à des déclarations publiques, et encore moins la pratique politique, il a enchaîné les entretiens accordés aux plus importants médias étrangers, jouissant d'une grande audience au sein de la population algérienne. Mieux, il est même en train de préparer une «initiative» rejoignant les «grandes lignes de la fameuse concorde nationale du président Bouteflika». De même qu'il n'existe pas de hasard en politique, il ne fait presque pas de doute aux yeux des observateurs avertis de la scène politique que le chef de l'Etat, à travers ce périple unique dans les annales algériennes, cherche à s'allier le formidable vivier électoral islamiste que compte notre pays, histoire de couper la route à ses plus redoutables adversaires qui jouent, eux, la carte nationaliste. Ce n'est pas non plus un hasard si la «cerise sur le gâteau» devant clôturer cette tournée faite dans des pays dont certains chefs d'Etat arrivent jusqu'à Tunis sans s'arrêter à Alger, se terminera par un sommet avec le président iranien, Mohammad Khatami. Or, les relations diplomatiques entre les deux pays ont été rompues depuis l'interruption du processus électoral et l'accusation portée par Alger à Téhéran sur son soutien direct au terrorisme islamiste en Algérie. Le dégel n'a commencé qu'en 2000, lors d'une rencontre entre les deux chefs d'Etat en marge d'un séminaire tenu à New York sur le dialogue entre les religions. Tous les diplomates s'accordent quand même à dire qu'«il est encore tôt pour aller vers un sommet, surtout en une période aussi cruciale, alors que le terrorisme continue de sévir en Algérie et que le régime des Mollahs n'a pas changé de position vis-à-vis de notre pays». Ce n'est pas non plus un hasard si notre ambassadeur à Téhéran est l'un des plus farouches adversaires de Benflis et s'il n'a jamais caché ses penchants pour le «panarabisme», ce qui lui avait même valu des prises de bec sévères avec le chef de l'Etat quand la voie républicaine était encore possible.