L'occultation des normes parasismiques par des maîtres d'ouvrage devrait être bannie et cernée par des textes repressifs. M.Hamimid, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, a procédé à l'ouverture officielle des travaux du colloque international. Les objectifs de cette rencontre, première en son genre, viseraient à «étudier les moyens et mesures à mettre en oeuvre pour une réduction des désastres naturels tels que les séismes». D'éminentes personnalités ont assisté à cette rencontre organisée par le Groupement économique de contrôle technique de la construction (Gecotec) et financée par l'université d'Alger en collaboration avec l'université française. Il faut préciser que ce colloque est parrainé par le président de la République. Les prérogatives des experts et l'apport des citoyens en matière d'application des règles parasismiques étaient, en partie, au centre des travaux. La plupart des experts sont unanimes à dire que les organismes de contrôle devraient être pourvus du pouvoir de «stopper les constructions en cours, non conformes et traduire les auteurs devant la justice, et ce, pour la raison qu'ils mettent d'autres citoyens en danger». Cette option devrait être appliquée même pour le cas du séisme de Boumerdès, dira un des experts du CTC. En d'autres termes, «les constructions défaillantes ou présentant des erreurs constatées par les experts sont endossables aux maîtres d'ouvrage», dira un ingénieur du CTC qui ajoute: «Dans le cas échéant, il est regrettable de constater que les expertises effectuées sur des constructions effondrées et qui démontrent qu'il y a eu triche dans le dosage ou autre ferraillage sont restées sans suites». D'innombrables experts, architectes ou ingénieurs dénoncent «le manque de législation en matière de contrôle et de suivi des chantiers». A ce sujet, notent la plupart des professionnels de la construction, «le permis de construire n'est pas respecté par les constructeurs qui, pour la plupart, trichent avec la certitude de ne pas être inquiétés au vu de l'absence de textes répressifs». «C'est une chance que l'étude du sol est imposée, actuellement, par des textes du CTC, mais il demeure que les orientations et directives techniques accompagnant le permis de construire, sont occultées par les constructeurs». Sur ce volet, il est à rappeler que des textes portant obligation d'assurance des logements sont en cours de validation au parlement. Ces textes auront pour effet l'implication des assurances à même de «contrecarrer les dépassements et l'irrespect des constructeurs au travers des contrôles exhaustifs». Les règlements parasismiques qui sont à l'ordre du jour du colloque ont été élaborés en 1976 mais n'ont été officialisés qu'après le séisme d'El Asnam. Une reconnaissance par les pouvoirs publics après la grande douleur ressentie par la population, la deuxième douleur qui a été ressentie le 21 mai dernier a fait réagir les pouvoirs publics à prendre en charge lesdites réglementations. Reste que leur application est tributaire d'une prise de conscience citoyenne. Pourtant, les normes parasismiques ne sont pas, dans une large mesure, prises en considération par les maîtres d'ouvrage. Un expert nous révèle à ce sujet «la nécessité d'une réelle prise en charge par les pouvoirs publics, voire le parlement, à même d'élaborer des textes imposant le respect des normes en question». En d'autres termes, «la question relative au respect et à l'application des textes inhérents aux normes parasismiques est purement d'ordre politique», déclare un autre ingénieur qui nous révèle qu'«en 1986, le ministre de l'Habitat a interrompu un colloque sur les risques sismiques». L'université qui est à l'origine du financement de cette rencontre devrait apporter son soutien dans le contexte de la recherche, mais en parfaite synergie avec les autres secteurs. Pour d'autres experts du CTC, «cette dernière devrait être effective mais tout en étant sur le terrain, c'est-à-dire sortir du contexte théorique pour aller vers l'application sur le terrain». Il est utile de signaler que cette rencontre a été fructueuse grâce aux différents échanges d'idées et d'opinions entre les experts venus des USA, du Mexique et de bien d'autres pays du monde dont les régions respectives connaissent des activités sismiques. «L'Algérie est une zone à forte activité sismique et il est impératif que de telles rencontres soient réitérées afin de minimiser les dégâts», déclarent les organisateurs. Des recommandations devront sanctionner cette rencontre qui prendra fin aujourd'hui «mais, j'espère ne laissera pas un goût d'inachevé», laisse échapper un des organisateurs qui fait allusion aux sphères politiques qui devront sérieusement se pencher sur les textes législatifs et trouver des moyens, même répressifs, pour «faire respecter les normes parasismiques». Au-delà des normes et de leur application, le facteur humain demeure un vecteur important pour la concrétisation des travaux de ce colloque.