Le président syrien Bachar Al Assad a rencontré hier matin l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan, qui va tenter de négocier un cessez-le-feu en Syrie, a rapporté l'agence syrienne Sana. Au Caire, parallèlement, le comité de la Ligue arabe sur la Syrie s'est réuni au siège de l'organisation panarabe, avant une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Les monarchies du Golfe sont critiques de la position russe sur la Syrie. «Le président Bachar Al Assad reçoit Kofi Annan, émissaire du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon», a indiqué hier l'agence syrienne. Avant sa mission, M.Annan avait mis en garde contre davantage de militarisation en Syrie qui aggraverait la situation dans ce pays, une position répétée par les Etats-Unis et la France. Selon le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, M.Annan devait rencontrer hier «matin» M.Assad et quitter Damas dimanche après des rencontres avec des responsables gouvernementaux et de la «société civile». Il se rend ensuite dans d'autres pays de la région pour rencontrer «des dirigeants de l'opposition hors de Syrie». M.Ban a fait état de «trois priorités» pour la mission Annan: «un cessez-le-feu immédiat», «une solution politique globale» et «un accès et une aide humanitaires». Parallèlement à la mission de M.Annan à Damas, le chef de la diplomatie russe se trouvait hier au Caire où il a eu des discussions avec ses homologues arabes et des monarchies du Golfe. Lors de sa rencontre au Caire avec les chefs de la diplomatie arabe au siège de la Ligue arabe, M.Lavrov avait mis en garde contre toute «ingérence grossière» dans le conflit en Syrie lors d'une rencontre avec M.Annan vendredi au Caire, a indiqué hier le ministère russe des Affaires étrangères. Les ministres arabes et russe des Affaires étrangères, dont les positions divergent sur les moyens de mettre fin à la crise syrienne, étaient réunis hier au siège de la Ligue arabe au Caire pour discuter de la Syrie, où la répression a fait des milliers de morts en un an. La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, a déjà bloqué, comme la Chine, deux résolutions condamnant la répression menée par le régime de Bachar Al Assad. Et Moscou a rejeté un nouveau texte américain au Conseil de sécurité exigeant du régime l'arrêt «immédiat» des violences et appelant l'opposition à «s'abstenir de toute violence» au cas où le pouvoir se plierait aux exigences de cette résolution. «Aujourd'hui, le plus urgent est de mettre fin à la violence, quelle que soit son origine», a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, avant le début de la réunion. M.Lavrov a jugé dans un discours à ses homologues arabes que les forces du gouvernement tout comme celles de l'opposition devaient sortir des villes syriennes. Mais pour le Qatar, un cessez-le-feu est aujourd'hui insuffisant. «Il y a un génocide systématique de la part du gouvernement syrien pendant que nous parlons en ce moment de cessez-le-feu», a déclaré le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Hamad ben Jassem al Thani. «Nous ne pouvons accepter seulement un cessez-le-feu», a-t-il ajouté. Le ministre a aussi estimé qu'il était temps d'envoyer des forces arabes et internationales en Syrie. L'Arabie Saoudite a pour sa part jugé que le veto opposé par la Russie et la Chine à une résolution onusienne condamnant la répression en Syrie avait permis au régime de Bachar Al Assad de poursuivre les violences. La position des «pays qui ont fait échouer la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, et voté contre la résolution de l'Assemblée générale sur la Syrie, a donné au régime syrien un passe-droit pour poursuivre ses pratiques brutales contre le peuple syrien, sans compassion et sans pitié», a déclaré le chef de la diplomatie saoudienne Saoud al-Fayçal. M.Lavrov a insisté sur le fait que son pays ne «protégeait aucun régime». «Nous protégeons le droit international», a-t-il dit.