Des «négociations » étaient en cours pour libérer les otages italien et britannique tués au Nigeria lors d'un raid auquel ont pris part des agents britanniques, a affirmé un porte-parole « d'un groupe de Boko Haram » cité par l'agence de presse Nouakchott information (ANI). «Les ravisseurs ont réussi à nouer contact avec la famille du Britannique, avec laquelle des négociations avaient été engagées portant sur le paiement d'une rançon de 5 millions d'euros et la libération de certains détenus dans la région », a affirmé ce porte-parole non identifié à l'ANI samedi. A Londres, un haut responsable gouvernemental a affirmé dimanche après midi sous couvert de l'anonymat qu'il n'y a jamais eu « de demande cohérente » des ravisseurs, « pas de demande d'argent et aucune indication que les otages seraient libérés ». Selon lui, la vie des otages était « sous la menace immédiate et grandissante et il était presque sûr qu'ils allaient être tués si nous n'avions pas agi ». La décision d'agir a été « difficile » à prendre, mais c'était « la bonne », a-t-il dit. L'ANI est une agence de presse en ligne qui a par le passé publié des informations fiables sur des groupes islamistes radicaux en Afrique de l'Ouest. Le porte-parole cité par cette agence a ajouté que la famille de l'otage italien « est entrée en jeu » en participant elle aussi à ces négociations. Après avoir obtenu un signe de vie et la preuve que c'était bien avec les ravisseurs qu'elles parlaient, « les négociations se sont alors poursuivies » avec les familles italienne et britannique, selon le porte-parole. Il affirme que les ravisseurs ont fait « preuve de beaucoup de souplesse: ils ont notamment accepté d'ajouter l'Italien à l'accord sans exigences supplémentaires et renoncé à leur demande de libération de détenus islamistes dans la région ». «Un accord a fini par être trouvé après une certaine période par lequel les familles devaient payer une rançon de 1,2 millions d'euros (sans l'intervention des gouvernements). Une infime partie de cette rançon a été versée il y a quelques jours et le reste devait suivre », ajoute-t-il. Les deux otages devaient être remis par leurs ravisseurs à des intermédiaires, dont un certain « M. Begin » et l'opposant mauritanien Moustapha Ould Limam Chafi, homme d'influence en Afrique de l'Ouest déjà impliqué dans des négociations pour des libérations d'otages d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). « Mais les services secrets britanniques et nigérians ont exploité (...) les échanges entre les deux parties pour localiser le lieu de détention des deux otages pour monter une opération commando destinée à leur libération » affirme le porte-parole. « Le groupe a alors réagi rapidement à ce plan en éliminant les deux otages et en ripostant aux agresseurs », conclut-il en menaçant la Grande-Bretagne d'une «réponse douloureuse ». Selon l'ANI, le groupe qui détenait le britannique est conduit par le Nigérian Khaled Al-Barnaoui, l'un des premiers nigérians à avoir intégré le Groupe salafiste pour le combat et la prédication (GSPC) algérien, devenu en 2007 Aqmi, avec lequel il avait mené plusieurs opérations. Le 8 mars au matin, les forces de sécurité nigérianes, avec un appui d'agents britanniques, ont mené une opération contre une maison à Sokoto, dans l'extrême nord-ouest du Nigeria, où étaient détenus les deux otages enlevés en mai 2011. Christopher McManus, citoyen britannique de 28 ans, et Franco Lamolinara, un Italien de 48 ans, tous deux ingénieurs, ont été tués. Le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan a affirmé que les ravisseurs appartenaient au groupe islamiste Boko Haram, ce que ce dernier a démenti.