Les islamistes du groupe Boko Haram ont rejeté le dialogue avec le gouvernement nigérian et menacé de lancer de nouvelles attaques alors qu'un policier a été abattu par des hommes soupçonnés d'appartenir au mouvement radical. Le policier a été tué en rentrant chez lui dans la ville de Kaduna (nord), capitale de l'Etat du même nom, voisin de celui de Kano où Boko Haram a mené une série d'attaques le 20 janvier, ciblant principalement des commissariats et faisant au moins 185 morts. Il était à moto et a été abattu par deux hommes armés également à moto, a indiqué le chef de la police de Kaduna, qui a dit soupçonner «un braquage» d'individus voulant lui voler son deux-roues. Des habitants du quartier ont cependant affirmé que la moto du policier n'avait pas été dérobée. «Les hommes armés (...) lui ont tiré dessus à deux reprises avant de filer rapidement», a affirmé l'un d'eux. «Ils n'ont pas essayé de prendre sa moto ce qui nous fait craindre qu'il pourrait s'agir de membres de Boko Haram». Des assassinats de policiers ont souvent été attribués aux islamistes par les autorités, le groupe s'en prenant régulièrement aux symboles du pouvoir (police, armée, homme politiques). L'attaque contre Kano le 20 janvier était la plus meurtrière jamais menée par Boko Haram qui multiplie depuis des mois les raids sanglants contre des cibles variées (Nations unies et églises notamment), menaçant de déstabiliser le pays le plus peuplé d'Afrique et puissance pétrolière. Vivement critiqué pour avoir échoué à endiguer cette vague de violences, le président Jonathan a dit dans une récente interview que Boko Haram devait clarifier ses revendications pour un éventuel dialogue. Dans le même temps, les forces armées ont poursuivi leurs opérations contre les extrémistes. L'appel au dialogue a été rejeté samedi soir par un porte-parole de Boko Haram, Abul Qaqa, lors d'une conférence audio avec des journalistes à Maiduguri, ville de l'extrême nord-est. L'appel de Goodluck Jonathan n'est «pas sincère» car le jour où le chef de l'Etat s'exprimait, «un nombre important de nos membres ont été arrêtés à Sokoto», dans le Nord-Ouest. Si ses membres ne sont pas libérés, Boko Haram «lancera à Sokoto des attaques semblables aux grandes attaques menées à Kano», a-t-il averti. La question du dialogue avec les islamistes a plusieurs fois été mise à l'ordre du jour et des analystes estiment qu'elle doit à nouveau être étudiée, la voie suivie jusqu'à présent par les autorités, privilégiant la répression, ayant apporté peu de résultats. «Il doit y avoir un dialogue et il faut en définir le cadre», a jugé Mustapha Zanna, un avocat qui a défendu des membres de Boko Haram après une insurrection du groupe réprimée dans le sang de 2009 et a représenté la famille de son dirigeant de l'époque, Mohammed Yusuf. L'ancien porte-parole de l'ex-président Umaru Yar'Adua, Olusegun Adeniyi, a demandé dans un éditorial aux habitants du nord «qui connaissent les dirigeants de Boko Haram de sortir sur le devant de la scène et de servir d'intermédiaires à une trêve dans l'intérêt de la nation». Abul Qaqa a cependant déclaré samedi: «Nous ne pensons pas que le dialogue soit possible dans la situation actuelle». La tension reste vive dans le nord où onze membres de Boko Haram ont été abattus samedi par des militaires à Maiduguri tandis qu'un commissariat de Kano a encore été attaqué vendredi soir..