L'opposition sénégalaise renforce son alliance avec Macky Sall, qui sera face au président Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle le 25 mars, avec la création samedi soir d'une nouvelle coalition pour le soutenir, suivie hier d'une «grande» manifestation pro-Sall à Dakar. Les douze candidats battus au premier tour le 26 février se sont tous joints samedi soir à l'ex-Premier ministre Macky Sall pour mettre en place le «Rassemblement des forces du changement» (RFC)/Benno bok Yaakkar (unis pour le même espoir en langue wolof), nouvelle coalition qui va désormais porter la candidature de M.Sall jusqu'ici soutenue par «Macky 2012». Le RFC «est désormais le cadre privilégié de toutes nos actions. C'est la synergie de toutes nos forces, de nos énergies et de nos moyens. Ensemble nous irons à la conquête des suffrages, ensemble nous gagnerons et ensemble nous allons gérer le Sénégal», a affirmé M.Sall au cours d'une conférence de presse. «Il est rare de voir autant de candidats engagés au premier tour se retrouver dans une unanimité générale pour ne voir que les intérêts du peuple sénégalais», a ajouté M.Sall. Il s'exprimait en présence de neuf des douze candidats battus au premier tour, dont Moustapha Niasse (13,20%) et Ousmane Tanor Dieng (11,30%), arrivés respectivement en troisième et quatrième position, et des représentants des trois autres. Abdoulaye Wade est arrivé en tête du premier tour avec 34,81% des voix, suivi de son ex-Premier ministre devenu opposant, Macky Sall avec 26,58% des voix. «Je m'engage à mériter votre confiance, à ne jamais la trahir», a dit M.Sall qui parlait également devant le chanteur Youssou Ndour, dont la candidature à la présidentielle a été rejetée par le Conseil constitutionnel, autre soutien de M.Sall. Tous les candidats battus au premier tour ou leurs représentants devaient hier après-midi participer à «un grand rassemblement» prévu sur la place de l'Obélisque, près du centre-ville de Dakar, pour soutenir Macky Sall et empêcher un troisième mandat du président Wade. Cette manifestation, à l'initiative du Mouvement du 23 juin (opposition et société civile), est également organisée en «hommage au peuple sénégalais et à ses martyrs» après des violences préélectorales qui ont fait de six à quinze morts dans la contestation de la candidature de M.Wade, jugé «illégale» par l'opposition. De son côté, le président Wade, 85 ans et au pouvoir depuis 2000, continue sa tournée chez les chefs religieux entamée depuis l'ouverture jeudi de la campagne électorale pour le second tour. Il a rencontré samedi soir Serigne Modou Kara Mbacké, un chef religieux mouride, une influente confrérie au Sénégal à laquelle appartient M.Wade, à qui il a demandé une consigne de vote en sa faveur. «Je sais qu'il y a du monde derrière toi, on t'écoutera. Je ne vais pas te tordre le bras, mais sache que je compte sur toi», a déclaré M.Wade, cité par l'Agence de presse sénégalaise (APS, publique), en rendant visite au guide religieux, également chef du Parti pour la vérité et le développement (PVD). Il a indiqué n'avoir pu gagner l'élection présidentielle au premier tour parce que «l'Occident a fait campagne électorale contre» lui, sans préciser de pays ou d'organisation. «J'ai demandé à la famille libérale d'aller rencontrer ces électeurs jusque chez eux s'il le faut, pour leur faire comprendre qu'ils n'ont rien à craindre», a affirmé M.Wade, chef du Parti démocratique sénégalais (PDS, libéral). Il faisait allusion aux 41,42% d'électeurs qui se sont abstenus au premier tour à cause, selon des responsables du parti au pouvoir, des violences qui ont précédé le scrutin.