Au moment où le directeur de L'Expression était emmené par les policiers, les véhicules étaient immobilisés pour...contrôle fiscal. L'acharnement qu'exercent les pouvoirs publics contre certains titres de presse vient de connaître un nouvel épisode. Après les trois convocations de «rigueur» adressées au directeur de L'Expression, Ahmed Fattani, ce dernier a été interpellé hier matin à partir de son bureau, sis à la Maison de la presse Abdelkader Safir de Kouba. Le même jour, les inspecteurs des impôts, qui «hantent» nos locaux depuis plusieurs jours, avaient demandé à ce que l'ensemble des véhicules du journal soient immobilisés afin qu'ils puissent être contrôlés. Objectif déclaré : voir si le matériel roulant déclaré par l'administration du journal existe bel et bien. D'énormes désagréments se sont répercutés sur le fonctionnement normal de notre quotidien, dont la sortie a dû être «reportée» en attendant l'arrivée, puis le constat, des inspecteurs. Dans la foulée, les supérieurs hiérarchiques de ces mêmes inspecteurs sachant leurs démarches vaines, prévoient une énième «descente» dans le but de contrôler tout le matériel de bureau et électronique également acquis par le journal. A travers un pareil acharnement se devine aisément la volonté de «trouver n'importe quoi» contre nous dans le but de bloquer de nouveau notre parution et, pourquoi pas, nous faire disparaître, c'est-à-dire taire, définitivement. La cabale contre des titres de la presse privée, coupables de refuser de se plier à la volonté de certains décideurs de grimer des faits éclatants, a commencé le 17 août passé, lorsque les imprimeries d'Etat avaient décidé de passer à l'acte en bloquant la parution de six titres de la presse privée algérienne. Une éprouvante aventure d'un mois s'en est suivie. Notre suspension politique, impudiquement couverte de «hardes» économiques, n'a été levée qu'après qu'une fausse dette de pas moins de 15,5 milliards de centimes eut été épongée. Dans une lettre ouverte adressée au chef du gouvernement, à laquelle ce dernier n'a même pas daigné répondre, nous avions expliqué que nous étions prêts à payer tout ce qui devait l'être, mais à condition que l'Etat s'acquitte à son tour de ce qu'il nous devait. Les responsables de l'Anep ont, à ce propos, été d'une correction exemplaire en nous réglant dans des délais plus que raisonnables l'ensemble de nos recettes publicitaires. La bonne volonté de notre journal s'est exprimée, comme indiqué dans une conférence de presse animée par Ahmed Fattani, dans le fait que 12,5 milliards avaient été payés alors que les trois restants se trouvent détenus par des institutions étatiques. Les pouvoirs publics, qui s'en prennent à d'honnêtes citoyens au parcours sans tache, devraient pourtant savoir que si Fattani voulait se soustraire au paiement de ses dettes, il aurait pu ne payer que les 100.000 dinars qu'est le capital social de sa SARL et garder les 15 milliards pour mener la belle vie. La cabale, car cabale il y a, est allée jusqu'à l'exigence du paiement de factures non arrivées à terme, pour un très jeune journal qui, pour revenir à ses lecteurs, a dû racler le fond de ses tiroirs. Il se retrouve aujourd'hui dans une situation financière extrêmement précaire alors que l'entreprise marchait très bien, employant directement près d'une centaine de personnes. L'acharnement des pouvoirs publics est tel que les impôts s'en sont également pris aux bénéfices de Ahmed Fattani dans le cadre de son actionnariat dans le journal Liberté. La démarche, cela va de soi, est frappée de nullité puisqu'une affaire judiciaire est pendante devant les tribunaux et qu'en attendant, M.Fattani a refusé de toucher à cet argent. L'ingratitude de certains décideurs ne semble pas avoir de limites pour qui sait que Fattani a occupé de nombreux postes de responsabilité et servi loyalement sa patrie, refusant toutefois d'être au service des hommes, mais uniquement à celui des idées et de la République.