Certains présidents d'assemblée communale ne semblent pas partager les préoccupations des autorités du pays après le drame qui a fait des milliers de sans- abri générés par le séisme du 21 mai dernier. A Aïn Taya, à Bordj El Bahri, à Bordj El Kiffane, des familles sont menacées d'expulsion, et bien souvent celle-ci est mise à exécution par la force. C'est le cas de le dire pour la commune de Dar El Beïda où le maire, bien qu'il ait adressé des mises en demeure à des familles résidant depuis 1994 dans des habitations précaires à proximité de la cité Fatma-n'Soumer, a décidé d'expulser les familles au moment où la nation fait face au problème de recasement des sinistrés du séisme. Somme toute, l'élu du peuple donne l'impression de remuer le couteau dans la plaie. Il est, toutefois étonnant que le maire ait choisi «de réquisitionner les forces de police tard dans la nuit pour expulser une vingtaine de familles et condamner celles-ci à gîter à la belle étoile et subir les aléas climatiques». Même les tentes leur ont été refusées. A préciser que parmi ces familles, dont une partie a fui le terrorisme, figurait un gendarme qui, «malgré l'exhibition de sa carte aux forces de police, nous révèlent les familles, celui-ci a été violemment malmené et menacé verbalement». «Il était insensible aux pleurs des enfants et des », disait un père de famille outré qui ajoute «Le maire, accompagné du commissaire, nous invitait à regagner le maquis sur un ton méprisant». A un sexagénaire qui a osé faire valoir le droit au respect au vu du statut de victime du terrorisme et de fils de chahid, le maire a eu cette réplique arrogante en guise de réponse: «Je ne reconnais ni les enfants de chouhada, ni les victimes du terrorisme, ni d'autres statuts.» Depuis la nuit du dimanche à lundi, date à laquelle les familles ont subi les chutes de pluies et autres intimidations, le maire continue d'user de propos empreints de grande animosité à l'adresse des familles. Sur les lieux, le spectacle est douloureux. Des enfants en bas âge et des sont en pleurs. «Je vais vous faire des misères puisque vous avez fait appel à la presse», disait méchamment le maire aux familles, et pour joindre l'acte à la parole, ce dernier, à l'aide de pelles mécaniques, obstrua tous les accès menant au site. Toutefois, les familles nous ont révélé que quelques policiers étaient contre cette mesure et, en catimini, leur conseillaient «de rester sur les lieux jusqu'à ce que leur cas soit résolu». Une attitude qui n'était pas compatible avec celle de leur supérieur qui, lui, «épaulait le maire et cautionnait la démarche de celui-ci ». Dans la déprime, un des chefs de famille nous dit d'une voix tonitruante: «Si c'est cela l'Etat de droit, ma famille et moi nous regagnerons le maquis pour grossir les rangs.»