Le chef de l'Etat a accordé un entretien dans lequel il a lancé plusieurs messages. Bouteflika a quitté hier matin Jakarta à destination de Kuala Lumpur où doit s'ouvrir, aujourd'hui, le sommet de l'OCI (Organisation de la conférence islamique). Les groupes de travail avaient achevé leurs travaux préparatoires la veille. Il est question, avant tout, de restructurer cette organisation afin de l'adapter aux défis, aux besoins et aux modes d'organisations mondiales actuelles. Les analystes, qui rappellent qu'il s'agit du premier sommet depuis les attentats du 11 septembre, se demandent comment cette rencontre, à laquelle prendra part plus d'une centaine de souverains et chefs d'Etats musulmans, réagira par rapport à ce grave attentat, mais aussi à l'amalgame établi entre l'islam et le terrorisme. On s'attend, de ce fait, à de véhémentes mises au point, surtout de la part des pays musulmans, comme le nôtre, qui font face au terrorisme islamiste et qui, longtemps durant, ont dû y faire face tout seuls. Avant de se rendre en Malaisie, Bouteflika a effectué une visite de trois jours en Indonésie. Il en a profité pour lancer de nombreux messages en ce sens. Le dernier est venu sous la forme d'un entretien qu'il a accordé hier au journal à gros tirage Jakarta Post. Le chef de l'Etat a, une nouvelle fois, indiqué que l'Algérie est restée isolée pendant une dizaine d'années à combattre le terrorisme avant que les attentats du 11 septembre ne fassent prendre conscience au monde entier du danger qui guette toute la planète. Bouteflika en a également profité pour demander à «lever les amalgames entre les différentes formes de terrorismes et les combats nobles et justes de certains peuples pour leur libération». Le président Bouteflika, en s'exprimant de la sorte, vise en premier lieu les peuples palestinien et sahraoui. Cela sous-entend que le président algérien, qui va se trouver dans la même salle des conférences, que Mohamed VI, ne trouverait jamais de terrain d'entente avec lui et le rencontrerait que par courtoisie diplomatique puisque les positions des deux pays sont définitivement inconciliables. L'entretien, qui a donné la part belle au chef d'Etat, s'est enquis des secrets de sa réussite en matière de redressement économique avec des indices jamais atteints depuis l'indépendance du pays, même si sur les plans social et économique, la situation ne cesse d'aller de mal en pis. En fin diplomate, le président a adroitement évité de mettre en avant ses «actions», se contentant de dire que «la formule magique réside dans la paix et la réconciliation». Interrogé sur la situation politique, qui ne semble pas avoir suivi le même rythme de développement, le président a indiqué que «les programmes de mise en oeuvre en matière de développement politique s'inscrivent dans la perspective de la réforme des structures et des missions de l'Etat, de celle de la justice, de la consolidation de la démocratie et de la construction de l'Etat de droit». De bien grands mots qui sonnent faux avec ce que nous vivons comme harcèlements contre la presse, un parti souverain et des enseignants qui se font embarquer dans le but de briser leur mouvement de grève.