Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, a affirmé hier au Forum de l'Entv la volonté diplomatique forte de l'Algérie sur ces dossiers-phares. Après la poussée de fièvre qui a affecté récemment les relations entre les deux pays voisins le Maroc et l'Algérie, voici venue l'heure du “réchauffement”. C'est du moins, en tout cas, ce que suggèrent certains indices. Après la récente rencontre entre le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le prince héritier marocain, Moulay Rachid, en marge des funérailles du cheikh Zayed Al-Nahyane à Abou Dhabi, une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays maghrébins se tiendra prochainement à Oran en marge de la réunion des “5+5”, a annoncé hier Abdelkader Messahel, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des affaires africaines et maghrébines. Invité du Forum de l'Entv, devenu désormais traditionnel, le représentant du gouvernement a estimé qu'“aucun avenir en tant qu'Etat et peuple n'est viable sans la construction maghrébine”. “L'Algérie accorde un intérêt capital à la construction maghrébine”, a-t-il dit. “C'est une obligation économique, politique et stratégique exigée par l'histoire des peuples de la région”, a-t-il encore ajouté. Ces “retrouvailles”, qui interviennent dans un contexte pour le moins “orageux” marqué, notamment par une escalade verbale entre les deux pays voisins à propos de l'épineuse question du Sahara occidental, ne sont qu'un début d'“un dégel”, si l'on ose entrevoir l'idée sous-jacente, puisque d'autres réunions sont envisagées prochainement. La première, celle du mois de décembre et dont la date n'a pas été précisée par M. Messahel et la seconde, sans doute la plus importante, est celle du mois de mars de l'an prochain qui verra la tenue du sommet de la Ligue arabe, dont on attend à Alger, à se fier à certaines informations de presse, la présence du roi Mohammed VI. Même si Alger, par la voix de Messahel, réitère qu'elle est pour la “décolonisation du Sahara”, il n'en demeure pas moins que ce qui est perçu par les voisins de l'Ouest comme “une pierre d'achoppement” à la construction de l'espace maghrébin ne constitue pas un handicap pour l'Algérie. Des projets dans le cadre de la dynamique de la construction maghrébine sont d'ores et déjà en cours. “On a des projets structurants et intégrants. Il y a des politiques qui permettent l'intégration comme l'eau et l'agriculture”, a expliqué Abdelkader Messahel. Mais ce qui s'apparente à une véritable offensive diplomatique d'Alger n'est pas uniquement circonscrit au cadre maghrébin puisqu'il y a aussi la réunion des “5+5” (Portugal, Espagne, France, Italie, Malte, d'un côté, et Maroc, Mauritanie, Algérie, Tunisie, Libye, de l'autre) prévue dans deux jours à Oran et le sommet du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad) prévu les 22 et 23 décembre prochain à Alger. Sur ce dernier chapitre, le représentant du gouvernement, qui n'a pas dissimulé son optimisme quant à sa viabilité et ses objectifs, a rappelé qu'il s'agit d'un programme de développement à long terme. Plusieurs chefs d'Etat, dont l'Egyptien Hosni Moubarak, sont attendus. Basé sur le partenariat, le Nepad s'appuie dans un premier temps sur la construction sous-régionale avant d'arriver à une intégration africaine, a expliqué M. Messahel. L'Afrique, qui s'attend à une croissance de 5 % pour 2005, se fixe aussi comme ambition de se doter, après le Parlement et la Commission exécutive, d'une cour de justice, d'une banque et d'un fonds d'investissement avant d'envisager une éventuelle monnaie commune. Autres objectifs, la demande de réforme de l'ONU et l'élargissement du Conseil de sécurité qui seront au centre de la réunion de la commission de l'UA les 6 et 7 décembre prochain. Cependant l'ambition de construire une force commune africaine à l'horizon 2006 à 2009, pour s'interposer dans les conflits et la gestion des catastrophes, constitue de loin le plus grand défi pour l'Afrique. Une force d'interposition de près de 3 000 hommes est déjà opérationnelle au Darfour, a rappelé M. Messahel. “L'avenir est avec les Africains”, a-t-il conclu. K. K.