Le Président tentera de convaincre les dirigeants iraniens du bien-fondé de sa réélection. Après une brouille de sept années, les deux pays ont décidé de tourner une page «difficile» de leur histoire. Pourtant, l'élection de Bouteflika, en avril 1999, n'avait été accueillie qu'avec du recul par Téhéran qui avait critiqué les conditions de son élection en raison des soupçons de fraude dénoncés notamment par ses adversaires lors de la présidentielle de 1999. Mais depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts coupés. Des ponts que le président Bouteflika, sans aviser au préalable le ministre des Affaires étrangères, a décidé de ressouder en 2002 lors d'une rencontre avec le président iranien, Mohamad Khatami, en marge d'un séminaire, tenu à New York, sur le dialogue entre les religions. En effet, les présidents Mohammad Khatami et Abdelaziz Bouteflika, interrogés par la télévision nationale après leur entretien formalisant la reprise des relations diplomatiques, avaient présenté ces sept années de mésentente comme «une parenthèse sombre et malheureuse» dans l'histoire des deux pays. Normal, les deux pays ont souffert des barbus et continuent encore d'en faire les frais. Et voulant déculpabiliser son pays, Katami a, en outre, précisé que «la situation en Algérie est une affaire intérieure» et avait exprimé ses «regrets à la suite des souffrances subies par le peuple algérien et l'Algérie ces dernières années» dans une allusion aux violences qui ont fait plus de 100.000 morts officiellement. Ce sont justement ces 100.000 morts qui avaient amené l'Algérie à rompre se relations diplomatiques avec l'Iran accusant Téhéran d'avoir «soutenu financièrement et entraîné les islamistes armés, responsables des violences qui ont ensanglanté le pays depuis 1992». Pour rappel, les autorités iraniennes de l'époque avaient appelé notamment à l'établissement d'«une république islamique» en Algérie sur le modèle de leur pays. Un modèle que l'actuel ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, avait voulu imposer à l'Algérie avec l'aide des mollahs, selon le général en retraite Khaled Nezzar, pour surmonter «l'invasion culturelle» à laquelle l'Algérie serait exposée d'après ses dires, lors de la rencontre secrète, d'une durée de 45 minutes et qui l'a réuni, au siège de l'Assemblée nationale, le 11 janvier 1992, en tant que président de l'APN, avec l'ambassadeur de la République islamique d'Iran en poste alors à Alger et son conseiller. Une tentative dénoncée par le chef de la direction Asie aux AE, dans un rapport à sa hiérarchie, avant d'être exécuté par les hordes sauvages que l'actuel ministre des AE décrivait comme les gardiens de la morale. En outre les prédécesseurs de M.Khatami n'avaient jamais caché leurs sympathies actives à l'égard des islamistes algériens et en particulier ceux du FIS dissous en 1992). Par ailleurs, Abdelaziz Belkhadem n'a-t-il pas entièrement avoué ses accointances avec le régime iranien en affirmant agir «personnellement» dans le sens de «l'amélioration, la conservation et le renforcement dans tous les domaines des relations entre l'Algérie et l'Iran»? C'est cette même vision que tentera de raviver le président Bouteflika à Téhéran lors de sa visite prévue du 19 au 21 du mois en cours après un passage par la Malaisie via l'Indonésie.