Bouteflika-Khatami: deux trajectoires opposées, deux comportements différents, en eux, tout est contraste, relief, et autant l'un est madré pour avoir trop blanchi sous le harnais de l'intrigue et de la conspiration, autant l'autre a osé défier les plus radicaux de son régime pour bâtir sa carrière sur des urnes régulières et sur la confiance populaire, s'appuyant sur un mouvement étudiant fort. Il est dans la gueule du loup et il tient bon, ce qui ne l'empêche pas d'être nationaliste et d'aimer son pays. Mais, on a vu que c'est dans ce pays de la République islamique que les sont en train d'arracher des droits, à l'instar d'une Shirin Ibadi qui vient de faire un pied de nez aux faucons du régime en obtenant haut la main le prix Nobel de la paix. N'a-t-elle pas été reçue en triomphe par des milliers de iraniennes, alors qu'à Alger, cette capitale de la douleur et de la joie, Nouredine Yazid Zerhouni a interdit toute manifestation depuis un certain 14 juin 2001. Tout autant que le cinéaste Abbas Kiaristami qui a été récompensé d'une palme d'or à Cannes. L'Iran s'avère ainsi un pays où les artistes et les partisans de la liberté arrivent à faire entendre leurs voix et à marquer des buts. Qu'ont-ils de commun ces deux hommes, Bouteflika et Khatami, et qu'ont-ils à se dire? Ils n'ont pas la même feuille de route. Pendant que l'un avance, l'autre recule. Sur tous les plans et sur tous les fronts. On peut faire une autre comparaison : Bouteflika et Mohamed VI. Ce dernier vient avec panache de réparer une injustice millénaire en levant la tutelle qui pèse sur la femme marocaine, même si c'est quelque cinquante ans après le geste magnifique de Habib Bourguiba. Pendant ce temps, que fait Bouteflika? Il renie tous les engagements pris devant la jeunesse algérienne, les étudiants, les travailleurs, mais aussi les . Un certain 8 mars 2001, il avait promis d'arrimer l'Algérie au car-ferry du progrès et de la modernité. Mais aujourd'hui, la seule chose qui l'intéresse, c'est de s'assurer les conditions d'un second mandat, quitte à fouler aux pieds le règlement intérieur d'un parti légal et instrumenter la justice. Mais c'est vrai qu'il a à son service toute valetaille, sinon toute basse-cour incapable de voler plus haut que les pâquerettes. Comme toujours, les leçons nous viennent de là où l'on les attend le moins. Cette fois, c'est de Téhéran et de Rabat. Les intrigues de palais, - de justice s'entend - n'y peuvent rien.