La «chkara» est érigée en critère principal pour figurer en bonne place sur les listes C'est la Realpolitik au sens machiavélique du terme qui guide nos futurs députés. Combien sont-ils? A quel lobby appartiennent-ils? Dans quel parti militent-ils? Depuis ces derniers mois, l'espace politique national est pollué par une grave pratique: l'argent, ce qui est communément appelé la Chkara. Si elle était marginale par le passé, dans la prochaine législature elle tend à prendre de l'ampleur. Pour figurer sur la liste des candidats à la députation, les critères d'autrefois étaient bien définis: ils s'appelaient, la crédibilité, la compétence, la popularité au sein de sa circonscription, les qualités morales et le capital des années de militantisme au sein d'un parti politique. Viennent ensuite les moyens financiers, ce qui n'est pas négligeable puisque toute élection nécessite de l'argent. Cependant, à présent cette échelle des qualités semble être renversée. D'autres exercices sont érigés en constantes dans la pratique politique. La «chkara» dites-vous? Elle est érigée en critère principal ou condition sine qua non pour figurer en bonne place sur les listes, quitte à «massacrer» tous les critères liés au militantisme, la discipline et la fidélité, etc. C'est devenu légion, pour être tête de liste sur les «grosses pointures», les places se négocient à coups de milliards. Le fait a été dénoncé à plusieurs reprises sur les colonnes de la presse nationale. Rien qu'avant-hier, le président de la troisième force politique, le FNA de Moussa Touati a récolté une bagatelle de 6 milliards grâce à la mise aux enchères des places pour la députation. A l'argent, s'ajoutent d'autres critères qui échappent à la, raison. C'est la realpolitik au sens machiavélique du terme, qui guide nos futurs députés. Car désormais, avoir l'échine souple, flexible, pliable à souhait ne suffit plus. Ceux qui comptaient sur la seule courbette intéressée et flatteuse n'ont recueilli que désespoir et amertume. Pour ne pas prendre le risque d'être déçu, il faut surtout afficher ses couleurs islamistes. Cela va sans dire que la courbette est désormais reléguée au second ordre. Il s'avère parfois que l'argent seul ne fait pas le bonheur! Les poids lourds placent la barre haute! Une intervention providentielle ou «royale» s'avère nécessaire pour garantir l'obtention de son sésame. Une frotte-manche de Cheikh El Qaradhaoui aurait été recommandée sur la liste des candidats à la députation du FLN par la femme du souverain du petit royaume de Qatar. C'est en tous cas ce que relaient les membres du comité central déçus par ce qu'ils appellent «un comportement indigne du secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem». Cette rescousse en faveur des islamistes BCBG et leurs mentors n'est pas «fortuite», disent certains observateurs. Même si d'autres affirment que l'enjeu est ailleurs, cela relève d'une fausse problématique puisque l'islamisme ne pourrait plus avoir plus de faveurs. Le FLN, qui n'arrête pas d'être secoué par des frondes, des contestations, des tiraillements de toutes parts, résultante des confections des listes de candidatures pour les prochaines législatives, a les yeux rivés sur la présidentielle. Asma Bent Kada, la compagne algérienne ou l'une des épouses de l'exégète égyptien, Youcef El Qaradhaoui aurait profité de l'aura du cheikh de plus en plus rayonnant chez nous pour figurer en quatrième position sur la liste du FLN. L'Union des savants musulmans, une entité que chapeaute El Qaradhaoui à travers le monde musulman, lui confère un formidable charisme qui a bien inspiré ceux qui lorgnent la présidentielle de 2014. Il est à rappeler que ce «prédicateur» attitré de la chaîne Al Jazeera était affilié au mouvement des Frères musulmans. Il est utilisé par le Qatar par le biais des Américains. Le FLN n'est pas le seul à lorgner du côté islamiste quitte à bafouer certains principes. Le FFS a placé lui aussi en bonne position un «ex-FISiste» sur sa liste à pourvoir dans la wilaya de Béjaïa! Pour ne citer que deux exemples plutôt percutants, il est établi que les islamistes - en grenouillage pour profiter des effets des révoltes arabes - en général, ont la part du lion sur des listes de candidatures de la majorité des partis en lice. Cependant, cela est loin de constituer le véritable enjeu des échéances électorales à venir. Si sous d'autres cieux où la démocratie et la concurrence loyale sont de mise, les programmes et les principes sont les marchepieds des politiques, ici l'escabeau vers l'instance suprême semble être l'échéance des législatives elles-mêmes. Selon certains analystes, «on s'achemine droit vers une constitution de deux pôles: nationalo-conservateurs d'un côté, les islamistes de l'autre et des indépendants en guise d'équilibre». Dans ce cas de figure, la future assemblée patchwork serait une entité mosaïque sans qu'«aucun courant ou pôle ait le privilège d'avoir la majorité», indiquent-ils. Les pouvoirs publics, eux, tentent d'élargir leur base à travers les multiples nouveaux partis politiques fraîchement agréés.