Cette déclaration confirme que l'argent devient le maître mot de la realpolitik. «L'argent est le nerf de la guerre.» Cet adage est également valable pour la politique où le fric devient un élément capital qui impose son diktat faisant basculer les règles de loi. Le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a fait un aveu fracassant en levant le voile sur les pratiques malhonnêtes en politique. «L'argent pollue la politique», a proprement reconnu M.Belkhadem lors d'une réunion consacrée à la préparation des sénatoriales. Ce n'est point un lapsus. Le chef de file du FLN sait très bien de quoi il parle, car le marchandage des voix est d'actualité. S'adressant à ses superviseurs, dont des ministres et des parlementaires, sur l'organisation des élections primaires, M.Belkhadem a mis le doigt sur la plaie. Il a indiqué qu'il ne faut pas perdre de vue que l'argent pollue la politique et il appelle à lutter contre ce phénomène. Cette déclaration émanant d'un responsable du parti majoritaire est loin d'être un simple aveu. Bien au contraire, elle résume sérieusement la gravité de la situation où l'argent devient le maître mot de la realpolitik. Le pouvoir de l'argent inquiète même les responsables et diminue leur poids dans la prise de décision. En évoquant ce phénomène, le secrétaire général avait l'air inquiet et même préoccupé. Certes, il ne s'est pas trop attardé sur le sujet pour aller au fond des choses, mais il n'en demeure pas moins que le message était clair. M.Belkhadem a appelé ses cadres à organiser des élections transparentes et à bannir ce genre de pratiques malhonnêtes. Or, malheureusement, les tractations ont commencé depuis bien longtemps. L'achat des voix et les manoeuvres pour franchir les portes du Conseil de la nation ne laissent aucune place au militantisme. «Dans les milieux, ça ne parle que de l'argent et des intérêts», a confié un membre proche de la direction. C'est un secret de Polichinelle. Les candidatures au Parlement se font sur des critères loin d'obéir au règlement partisan. Des sommes faramineuses sont proposées pour l'achat de voix d'élus. Sachant qu'un poste de sénateur ouvre de grandes perspectives, certains ne lésinent pas sur leurs moyens pour s'offrir, à tout prix, un siège au Sénat. Evidemment, pour goûter aux plaisirs et avantages qu'offrent le poste et surtout la position de sénateur, les militants du FLN se font une guerre implacable dans les coulisses. Avec un salaire trente fois supérieur au Snmg, des prêts bancaires sans intérêt, des indemnités pour le logement, le véhicule personnel, les frais de déplacement et autres avantages à faire rêver un «pauvre» enseignant d'université ou un «malheureux» professeur de médecine, il faut dire que la bataille vaut vraiment la chandelle. Deux mois avant le renouvellement des postes du tiers présidentiel au Sénat, le cours des candidatures a atteint 70.000 DA et est appelé à grimper ces jours-ci. Voulant mettre en garde contre ces pratiques, le secrétaire général du FLN a bien défini les règles du jeu concernant l'organisation des primaires et la sélection des candidats. N'excluant aucun militant, M.Belkhadem insiste sur le respect du règlement intérieur comme référence pour le candidat. «Nous n'interdirons à quiconque de se présenter, mais les conditions de candidature sont bien définies par le règlement», a-t-il précisé en déplorant le comportement malhonnête des militants. Connaissant parfaitement son parti, M.Belkhadem n'écarte pas la survenue d'éventuels conflits au niveau de la base. «Nous avons un réservoir important et tous les militants aspirent à décrocher un poste de responsabilité au Conseil de la nation», a-t-il affirmé. Et de renchérir que cette course risque de disperser les rangs du parti et d'ouvrir la voie à d'autres formations pour décrocher plus de sièges. Aussi, M.Belkhadem a appelé ses militants à mettre de côté leur égoïsme et à oeuvrer dans l'intérêt général du parti.