Le Sahel est devenu une véritable poudrière Unanime, le monde a condamné hier ce coup de force et refuse de reconnaître un précédent dangereux pour l'Afrique. Le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), composante de la rébellion touarègue malienne, a proclamé hier «l'indépendance de l'Azawad» dans une déclaration sur son site Internet et via un de ses porte-parole sur la chaîne France 24. «Nous proclamons solennellement l'indépendance de l'Azawad à compter de ce jour», a déclaré Mossa Ag Attaher, qui a clairement affirmé la responsabilité de son mouvement dans la sécurisation de la région du Nord. «Nous venons de terminer un combat très important, celui de la libération», a-t-il ajouté. Dans une «Déclaration d'indépendance de l'Azawad» publiée hier sur leur site, les rebelles déclarent: «Nous, peuple de l'Azawad, rappelant les principes du droit international et les principaux instruments juridiques internationaux régissant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, notamment, la Charte des Nations unies en ses articles 1 et 55, les dispositions pertinentes de la déclaration internationale des droits des peuples autochtones proclamons irrévocablement l'Etat indépendant de l'Azawad à compter de ce jour vendredi 6 avril 2012.» Le texte proclame la «reconnaissance des frontières en vigueur avec les Etats limitrophes et leur inviolabilité», «l'adhésion totale à la Charte des Nations unies» et «l'engagement ferme du Mnla à créer les conditions de paix durable, à initier les fondements institutionnels de l'Etat basés sur une Constitution démocratique de l'Azawad indépendant». Tout en invitant l'ensemble de la Communauté internationale dans «un élan de justice et de paix à reconnaître sans délai» l'Etat de l'Azawad indépendant. Le Comité exécutif du Mnla, proclame également qu'il continuera, jusqu'à la mise en place de l'Autorité du Territoire de l'Azawad, à assurer la gestion de l'ensemble du territoire. La déclaration est signée par le secrétaire général du Mnla, Billal Ag Acherif. Aussi, le Mnla a annoncé jeudi soir la fin de ses «opérations militaires». Mise devant le fait accompli, l'Union africaine (UA) a annoncé hier qu'elle «rejetait totalement la prétendue déclaration d'indépendance» du Nord-Mali proclamée par un groupe touareg. Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, a ajouté dans un communiqué qu'il «condamnait fermement cette annonce, qui est nulle et sans aucune valeur», et qu'il «appelait toute la communauté internationale à soutenir pleinement cette position de principe de l'Afrique». La France, quant à elle, rejette la déclaration d'indépendance qu'elle considère comme «nulle et non avenue», selon la déclaration du ministère français des Affaires étrangères. Cette «Déclaration d'indépendance unilatérale» du Nord-Mali, «n'aurait pas de sens» si elle n'était pas reconnue par les Etats africains, a aussi déclaré le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, lors d'une conférence de presse devant l'association de la presse anglo-américaine. Mardi, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, avait exprimé l'opposition de la France à la revendication indépendantiste du Mnla. Cependant, «cette revendication pourrait conduire, dans le cadre d'un dialogue national, à une forme d'autonomie assortie d'une politique ambitieuse de développement. Le Nord n'a pas assez bénéficié pour l'instant d'efforts de développement aussi importants que le sud du pays», avait-il indiqué. De son côté, l'Union européenne refuse toute remise en cause de l'intégrité territoriale du Mali, a averti hier la porte-parole de la représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, après la proclamation d'indépendance de la rébellion touarègue. «Tant que l'ordre constitutionnel n'aura pas été restauré, aucune solution ne pourra être trouvée», a averti Maja Kocijancic. Une mission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui ont imposé un embargo diplomatique et économique total au Mali quelques jours après le coup d'Etat, ont aussi clamé leur attachement à l'intégrité territoriale de ce pays membre de l'organisation. La Cédéao se trouvait toujours à Bamako, hier, pour des pourparlers avec la junte dirigée par le capitaine Amadou Sanogo à qui il est demandé un retour à l'ordre constitutionnel en échange de la levée de l'embargo. Pour sa part, la Tunisie a, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, réaffirmé, hier, son attachement absolu au principe du respect de la légitimité constitutionnelle et à la préservation de l'intégrité territoriale du Mali, ainsi qu'à sa sécurité et sa stabilité.