La proclamation de l'indépendance du nord du Mali, faite hier par les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), a été rejetée et condamnée par la communauté internationale. L'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne, l'Algérie et la France ont rejeté cette proclamation appelant à la préservation de l'intégrité territoriale du Mali. Dans un communiqué signé par le secrétaire général du MNLA, Billal Ag Acherif, et daté de Gao, diffusé sur le site Internet du mouvement, les rebelles touaregs ont annoncé l'indépendance du nord du Mali. «Le comité exécutif du MNLA appelle la communauté internationale dans son ensemble à reconnaître immédiatement, dans un esprit de justice et de paix, l'indépendance de l'Etat de l'Azawad», écrit Acherif. Le communiqué a dressé une «liste des griefs formulés depuis cinq décennies par les Touaregs à l'égard des autorités au pouvoir à Bamako» Le mouvement a annoncé en outre reconnaître les frontières avec les Etats voisins et promet de créer un Etat démocratique fondé sur les principes de la Charte des Nations unies. Le MNLA avait annoncé, jeudi, l'arrêt de ses opérations militaires et proclamé «l'Etat de l'Azawad». Cette annonce a fait réagir, hier, la communauté internationale. L'Union africaine a «rejeté totalement la prétendue déclaration d'indépendance» du Nord-Mali, proclamée par un groupe touareg. Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, a ajouté dans un communiqué, cité par l'APS, qu'il «condamnait fermement cette annonce, qui est nulle et sans aucune valeur», et qu'il «appelait toute la communauté internationale à soutenir pleinement cette position de principe de l'Afrique». S'exprimant au nom de l'UA, Jean Ping a souligné «le principe fondamental de l'intangibilité des frontières héritées par les pays africains à leur accession à l'indépendance, et a réitéré l'attachement indéfectible de l'UA à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale de la République du Mali». «L'UA et ses Etats membres ne ménageront aucun effort pour contribuer à rétablir l'autorité de la République du Mali sur l'ensemble de son territoire national et mettre un terme aux attaques perpétrées par des groupes armés et terroristes dans la partie nord du pays», précise le communiqué. La France a également rejeté la déclaration d'indépendance du Nord Mali, qu'elle considère comme «nulle et non avenue», a déclaré hier le ministère français des Affaires étrangères. «Nous considérons que la déclaration unilatérale d'indépendance de l'Azawad est nulle et non avenue», a dit à la presse le porte-parole du ministère, Bernard Valero. Tout en défendant l'unité et l'intégrité territoriale du Mali, la France appelle le MNLA à inscrire son action dans le cadre d'un dialogue politique respectueux de l'ordre constitutionnel malien et de l'unité du pays. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a condamné également les enlèvements de personnels diplomatiques et consulaires algériens. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait fermement condamné, jeudi, le coup d'Etat du 22 mars et a réitéré son appel en faveur du rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel et du gouvernement démocratiquement élu, tout en exprimant son inquiétude par la présence, dans la région, du groupe terroriste AQMI. Dans une déclaration de la présidence du Conseil, adoptée par les 15 membres et lue par le représentant des Etats-Unis, Jeffrey Delaurentis, dont le pays assure la présidence du Conseil pour le mois d'avril, l'organe de décision de l'ONU demande aux rebelles de «cesser immédiatement toute violence et exige de toutes les parties au Mali qu'elles s'emploient à trouver une solution pacifique grâce au dialogue politique». Le Conseil a réaffirmé que la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale du Mali doivent être sauvegardées et respectées, tout en exprimant sa «vive préoccupation que lui inspirent l'insécurité et l'aggravation rapide de la situation humanitaire dans la région du Sahel». «Pas de solution militaire» Les Etats de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis à Abidjan, jeudi, les chefs d'état-major des 15 pays membres de la Cédéao ont étudié le mandat d'une force de 3000 soldats qui pourrait être déployée au Mali avec la double mission de rétablir l'ordre constitutionnel et stopper l'avance des rebelles. S'agissant du déploiement des forces militaires, la France a estimé qu'il n'y a pas de «solution militaire» aux revendications des Touareg au Mali et que les pays voisins doivent contribuer à une solution politique, a déclaré jeudi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. «Il n'y aura pas de solution militaire pour les Touareg», a déclaré le ministre, invité par l'Association de la presse anglo-américaine à Paris. «C'est une solution politique qu'il faut», a ajouté M. Juppé, précisant que la Communauté économique des Etats d'Afrique l'Ouest (Cédéao), ainsi que l'Algérie et la Mauritanie devraient y contribuer.