La lecture du livre intitulé De l'Etoile nord-africaine à l'indépendance écrit par Djamel Eddine Derdour (*), militant depuis les années 1930 est très instructive. L'auteur passe en revue ses moments de gloire, en tant que star du football dans les équipes prestigieuses de France durant cette période. Intellectuel de son état, le déclic a été fait dans sa tête, à la frontière suisse en 1929 lorsqu'on lui refuse le passage car «il n'a pas de nationalité», aucune n'est mentionnée sur sa carte d'identité. Il n'est ni français, ni algérien, colonialisme oblige. Ce genre de situation interpelle beaucoup et c'est ce qui s'est passé dans la tête de M.Derdour qui, à partir de là, a dédié sa vie au militantisme. Les narrations faites avec détail, par l'auteur, montrent combien sont présents les intrigues, les pièges et les «sales coups» durant la révolution et entre militants du même bord: accusations de détournement d'argent, phobie des intellectuels, manigance pour des avantages indus, clanisme, etc. Des escroqueries ont déjà été signalées au sein du Mtld, au nom de l'appartenance au parti, ce qui a fait dire à Moufdi Zakaria que «le nombre des opportunistes et des aventuriers devient plus important que les militants convaincus au sein du parti». Ces opportunistes arrivent même à vendre à la police française des militants intellectuels pour mieux sévir. Tous ces maux ont pollué les travées de la Révolution et se sont perpétués jusqu'à aujourd'hui. L'auteur publie aussi les discours prononcés à la tribune du Parlement français par les députés algériens, en l'occurrence Lamine Debaghine, Boukaddoum, Mezghena et l'auteur (Derdour) lui-même. Ces discours de haute facture intellectuelle montrent combien est grande la culture de ces personnalités et leur engagement viscéral pour l'indépendance de notre pays. Ces discours sont d'une pédagogie impressionnante et d'une valeur historique sans commune mesure. Ils doivent être étudiés dans certains cercles pour montrer l'engagement de certains Elus pendant la colonisation et pour aussi mettre en avant un discours engagé, sain, sans langue de bois et d'une dialectique scolastique. Des anecdotes narrées par l'auteur montrent aussi la profondeur de la phobie des intellectuels avant et durant la Révolution et leur marginalisation. Ils sont victimes tout comme Ferhat Abbas, Benyoucef Benkhedda et bien d'autres personnalités qui ont échappé à ces opportunistes qui prennent les intellectuels comme des citrons à presser et jeter par la suite. Voilà leur sort durant et après la Révolution. La lecture de ce livre procure du baume au «cerveau» et certains regrets au coeur car il éclaire sur le mal d'aujourd'hui. La compréhension de l'Histoire est impérative pour se diriger vers l'avenir et mieux l'appréhender. La lecture de ce genre de livre est une thérapie libératrice pour la construction de l'Algérie de demain que l'on souhaite meilleure que celle d'aujourd'hui et empreinte d'intelligence, d'éthique et de savoir-faire. (*) Editions Hammouda Alger (2001)