Les négociations au Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution autorisant le déploiement d'une trentaine d'observateurs internationaux en Syrie tournaient vendredi au bras de fer entre Russes et Occidentaux, avec deux projets rivaux sur la table. Ces observateurs sont les éléments précurseurs d'une mission complète qui devrait compter 250 hommes non armés chargés de superviser le cessez-le-feu mais ne pourra être déployée que dans plusieurs semaines. Instruits par l'expérience des observateurs de la Ligue arabe, les Occidentaux (France, Etats-Unis, Royaume Uni, Allemagne) veulent donner à la nouvelle mission les moyens de faire son travail, ce qui suppose des garanties de sécurité ou de liberté de circulation. Selon un diplomate participant aux négociations, la Russie a «marchandé sur chaque phrase » du projet occidental, avant de présenter son propre texte. La Russie souhaite une courte résolution pour «envoyer quelques hommes sur le terrain », selon son ambassadeur Vitali Tchourkine, et refuse de mettre la pression sur son allié syrien en lui fixant trop de conditions. Le texte occidental réclame du gouvernement syrien qu'il laisse la mission circuler «sans entraves et immédiatement » dans tout le pays et garantisse la confidentialité des communications des observateurs entre eux et avec le siège de l'ONU. Il rappelle aussi à Damas sa promesse de retirer ses forces des villes syriennes rebelles, conformément au plan de paix du médiateur Kofi Annan, lui demande de les cantonner désormais dans leurs casernes et dénonce les exactions des autorités contre les civils. En cas de refus, le Conseil pourra «envisager de nouvelles mesures ». « Il est clair que cette équipe avancée doit être déployée avec le même mandat que la mission d'observation complète. Nous ne pouvons pas accepter qu'ils y aillent selon des règles plus faibles », explique un diplomate. «Nous ne pouvons pas avoir de résolution qui n'inclue pas de condamnation des violations de droits de l'homme », ajoute-t-il. M. Tchourkine a fait valoir que le texte occidental était «trop long » et réclamait «beaucoup de travail ». «Nous avions un accord de principe hier sur le fait qu'il fallait aller à l'essentiel, de manière pragmatique et spécifique, c'est-à-dire placer sur le terrain une équipe avancée d'observateurs », a-t-il affirmé. Selon des diplomates, le texte russe est beaucoup moins exigeant vis-à-vis de Damas et ne demande pas que les troupes syriennes se retirent des villes. Dans ces conditions, il est peu probable qu'un vote intervienne avant samedi. L'ONU souhaite que les premiers observateurs soient sur place au début de la semaine prochaine. «Nous allons négocier paragraphe par paragraphe », a déclaré l'ambassadeur français Gérard Araud. «Nous espérons voter dès que possible (...) mais s'il n'y a pas d'accord, nous avons 24 heures (pour négocier) après le dépôt du texte, ce qui veut dire que votre samedi est compromis », a-t-il lancé aux journalistes. Le Conseil de sécurité n'a pour l'instant voté que trois «déclarations présidentielles » sur la Syrie. Deux précédents projets de résolution ont échoué après des vetos de la Russie et de la Chine.