Les étudiants algériens éprouvent-ils le besoin de reprendre le flambeau des luttes identitaires dont le trait d'union est incontestablement le Printemps berbère de 1980? En tout état de cause, les universitaires ont prévu plusieurs manifestations revendicatives à l'occasion de la célébration du 32e anniversaire du Printemps berbère et du 11e anniversaire du printemps noir. Le Comité national des étudiants démocrates et amazighs (Cneda), a appelé à cinq marches populaires dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Boumerdès et Alger. En ce qui concerne la capitale, la marche aura lieu aujourd'hui et s'ébranlera de la Fac centrale vers le Palais du gouvernement. Pour les autres wilayas, les marches auront lieu le 20 avril. «Le 20 avril commence à se folkloriser de plus en plus alors que la date est le symbole du combat identitaire. Il faut donc redonner à cette date sa dimension revendicative et contestataire», explique un membre du Cneda. A travers ces actions, les étudiants qui ont créé récemment le Cneda disent vouloir reprendre le flambeau des luttes pour les libertés démocratiques et les droits de l'homme en Algérie, demander l'officialisation de tamazight et la réhabilitation de la toponymie et des prénoms amazighs. Toutefois, ce comité ne sera pas seul sur le terrain. Il bénéficie du soutien de certaines organisations de la société civile et de partis politiques. Dans un communiqué rendu public hier, le bureau régional d'Alger du RCD a appelé les militants à participer à la marche. Idem pour le bureau de la wilaya de Béjaïa qui a appelé toutes les citoyennes et citoyens de Bgayet, notamment les jeunes, à se mobiliser «massivement et solidairement pour prendre part à la marche populaire du 20 avril 2012 à 11h00, du campus Targa Ouzemour vers le siège de la wilaya, initiée par le Comité national des d'étudiants démocrates amazighs et la Coordination des lycéens de Bgayet». Les appels des bureaux régionaux du parti du RCD se veulent un écho à l'appel de la direction nationale du parti, demandant aux militants de soutenir toutes les manifestations revendicatives à l'occasion de l'anniversaire du printemps berbère. «Kabyles, Chaouis, Mozabites, Chenouis, Touareg, habitants des monts de Tlemcen ou de l'Ouarsenis... se savent en devoir de sauvegarder et de transmettre l'héritage dont ils sont dépositaires. Au-delà des locuteurs, les Algériens, soucieux de l'avenir national, ont saisi que le destin démocratique du pays est aussi tributaire de l'officialisation de la langue amazighe», écrit le Rassemblement dans un communiqué d'avant-hier. Soulignant qu'avril 1980 a montré la voie, le RCD a appelé les citoyens à prendre part aux marches populaires du 20 avril 2012 et en «faire un moment de renaissance démocratique qui replace la revendication amazighe au coeur des aspirations démocratiques». A souligner enfin qu'une marche a été organisée, hier, par plus de 500 lycéens de la ville de M'chedala dans la wilaya de Bouira où ils ont scandé des slogans.
