La Kabylie a commémoré, hier, le 30ème anniversaire du Printemps berbère. Cette date, qui reste pour beaucoup de citoyens de la région une date symbole et fondamentale, a été marquée encore une fois par des activités qui n'ont de valeur que de lever le voile encore une fois sur la division des rangs et l'exploitation politicienne qui en est faite. Trois marches vers un même point de chute et pour une même occasion, sur fond de revendications différentes, ont été enregistrées. «Pour l'officialisation de la langue amazighe» et «pour les libertés démocratiques», pour le RCD de Saïd Sadi et «Kabylie autonome», pour le MAK de Ferhat Mehenni. Les autonomistes, le RCD et les étudiants ont séparément battu le pavé des principales artères des villes de Bejaia, Tizi-Ouzou et Bouira, peinant à mobiliser les foules. 1.500 personnes pour le RCD, un peu moins pour le MAK, triste réalité. Tout ce beau monde n'a fait hier que montrer, aux yeux de l'opinion qui, faut-il le noter, est restée en retrait, les divergences existant entre les acteurs politiques, tous pratiquement issus d'un seul mouvement, à l'origine, le Mouvement culturel berbère (MCB). Un mouvement qui avait canalisé la révolte citoyenne pacifique sur les questions identitaires et les libertés démocratiques. Des années 80 à ce jour, beaucoup de choses se sont produites pour en arriver à cette situation dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas aussi reluisante qu'on le pense. De l'unité des rangs, pour des causes justes et légitimes, on est arrivé à un effritement aussi bien des rangs que des revendications qui sont loin d'être partagées par tous. L'autonomie revendiquée par le MAK en est l'exemple qui témoigne du manque de conviction de la population. Les tenants de cette option le savent très bien en constatant le peu d'adhésion des étudiants qu'ils sont allés rencontrer. Pis, une frange d'étudiants de Bejaia ont préféré se démarquer de la manifestation du mouvement de Ferhat Mehenni, actuellement en exil en France. De la revendication d'un Etat démocratique et social, de la génération 80, qui a posé les jalons du combat démocratique public, porté alors par le Mouvement culturel berbère (MCB), on est arrivé aujourd'hui à celle d'une autonomie aux relents séparatistes. Une idée qui fait peur et incite à l'interrogation sur les lendemains incertains. Le message unificateur de Tafsut Imazighen (Printemps amazigh), son caractère pacifique et rassembleur n'y étaient pas. C'est pourquoi, aujourd'hui, la mobilisation et l'engagement n'étaient pas au rendez-vous même si l'attachement à la symbolique du 20 avril y est, en se traduisant par des activités commémoratives pour perpétuer la flamme militante du Printemps berbère.