L'ancien président du Liberia, Charles Taylor, reconnu coupable de crimes contre l'humanité par le tribunal spécial pour la Sierra Léone de La Haye (Tssl) Il a répondu de onze chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre. L'ancien président du Liberia, Charles Taylor, a été reconnu jeudi «pénalement responsable» de crimes contre l'humanité durant la guerre en Sierra Leone (1991-2001). Arrêté en 2006 au Nigeria, Charles Taylor a répondu de onze chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, commis entre novembre 1996 et janvier 2002. Son procès, ouvert le 4 juin 2007 et achevé le 11 mars 2011, avait été délocalisé à La Haye par le Conseil de sécurité des Nations unies qui craignait que la présence de M.Taylor à Freetown ne soit «une menace pour la paix». «La chambre conclut que l'accusé est pénalement responsable (...) d'avoir aidé et encouragé la commission des crimes 1 à 11 compris dans l'acte de l'accusation», a déclaré le juge samoan Richard Lussick lors d'une audience publique à Leidschendam, dans la banlieue de La Haye, devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (Tssl). «La peine sera prononcée le 30 mai à 11h00», (09h00 GMT), a déclaré le juge. Le Tssl, entendra le 16 mai les observations des parties sur la peine qui sera infligée à l'ex-chef d'Etat. La peine infligée à M.Taylor, 64 ans, coupable notamment de meurtres, de viols et de traitements inhumains, sera purgée dans une prison du Royaume-Uni. L'ancien président du Liberia (1997-2003), a été reconnu coupable d'avoir créé et mis en oeuvre une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone, dans le but d'exploiter ses diamants, lors d'une guerre civile ayant fait 120.000 morts entre 1991 et 2001. Les troupes de M.Taylor avaient combattu aux côtés des rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), que l'ex-président dirigeait en sous-main en leur fournissant armes et munitions en échange de diamants. Le jugement du Tssl est le premier contre un ancien chef d'Etat rendu par la Justice pénale internationale depuis celui prononcé en 1946 par le tribunal militaire international de Nuremberg, qui jugea 24 des principaux responsables nazis, et notamment contre Karl Dönitz, commandant en chef de la marine allemande. Celui-ci, qui avait succédé à Adolf Hitler à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avait été condamné à dix ans de prison pour crimes de guerre. D'autres chefs d'Etat se trouvent dans le collimateur de la justice internationale, dont l'ancien chef d'Etat tchadien, Hissène Habré, poursuivi pour crimes contre l'humanité. Il est réfugié à Dakar depuis sa chute, en 1990. Ainsi, la justice sénégalaise a rejeté, le 11 janvier dernier, la demande d'extradition vers la Belgique, alors que le chef de l'Etat sénégalais, Abdoullah Wade, avait déclaré une semaine auparavant, qu'il avait saisi la Cour d'appel de Dakar de la demande de la Belgique, et que Hissène Habré serait «très probablement extradé vers la Belgique». Pour sa part, le mandat d'arrêt international à l'encontre du président El Bechir, toujours en activité, représente une première dans l'histoire du droit international. Effectivement, la Cour pénale internationale (CPI) a émis le 4 juillet 2008, un mandat d'arrêt à l'encontre d'un chef d'Etat en exercice. Il vise «le président du Soudan Omar El Bechir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité», avait annoncé la porte-parole de la CPI à La Haye. Le Soudan a immédiatement rejeté ce mandat et des milliers de Soudanais ont manifesté dans les rues de Khartoum leur soutien au président. El Bechir. Relevons toutefois que le Soudan, tout comme notamment, les Etats-Unis, la Chine et la Russie, n'est pas signataire du Statut de Rome (portant création de la Cour pénale internationale le 17 juillet 1998). A son tour, demandé par la CPI, Seïf el-Islam El Gueddafi accusé de crimes contre l'humanité, est actuellement détenu dans la prison de Zenten à l'ouest de Tripoli.