Dans ces conditions, le citoyen est soumis au diktat des commerçants véreux. A l'instar des années précédentes, les prix des produits de large consommation ont sensiblement grimpé durant ces premiers jours du Ramadan, en dépit de l'abondance des récoltes agricoles cette saison. Ainsi, les tarifs des fruits et légumes ont augmenté de plus de 40 DA. A El-Harrach, à titre d'exemple, la courgette oscille entre 70 et 80 DA le kilo, la tomate a atteint les 60 DA, la pomme de terre et l'oignon sont cédés à 40 DA chacun, alors que la viande rouge dépasse le seuil de 700 DA. Un état de fait dont la seule victime reste le consommateur qui se rabat sur des marchés plus cléments. Sur les hauteurs d'Alger, à Ben Aknoun, on était intrigué par la réaction des citoyens. Leur souci ne réside plus dans les tarifs exorbitants affichés, mais plutôt dans la qualité de la marchandise à acheter. Le constat nous renseigne sur les disparités qui s'installent au sein de notre société. D'un côté, une majorité qui se contente du strict minimum, de l'autre, une minorité qui se permet d'opter pour le premier choix. Ailleurs, à Bab El-Oued, les produits de première nécessité sont pris d'assaut. Interrogé sur cet engouement, un citoyen de ce quartier populaire explique: «Je n'ai aucun choix. En ce jour de Ramadan, je dois m'approvisionner pour préparer le ftour.» Dans ces conditions, le citoyen est soumis au diktat des commerçants véreux. Mais situer les responsabilités, dans cette réalité amère, n'est pas une tâche aisée. Ainsi, les commerçants, les grossistes et les producteurs s'écorchent mutuellement à travers leurs déclarations. Pour Mokhtar Rechan, secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans algériens: «Il faut chercher les causes de cette hausse chez les producteurs et les grossistes.» Dans cette même optique, l'un des commerçants déclare: «Bien sûr, avec l'arrivée du Ramadan, les grossistes revoient les tarifs des fruits et légumes à la hausse. Ce qui entraîne automatiquement l'augmentation des prix chez les détaillants», et d'ajouter, à titre illustratif, que «la tomate a été vendue à 68 DA et la pomme de terre à 40 DA chez les grossistes». Ces derniers aussi ont leur argument. L'un d'eux indique: «Les prix de ces produits nécessaires ont connu une hausse à cause de la grande demande des détaillants.» Donc, pour maîtriser cette situation, il faut une régulation des prix de ces produits depuis la production jusqu'à la consommation. Or, l'Etat s'est complètement désengagé dans ce domaine en laissant les acteurs du marché fixer les tarifs selon leurs humeurs. Ceci dit, cette flambée est engendrée par la forte demande des consommateurs durant cette période, mais aussi, par l'instinct du gain facile et rapide chez les commerçants en faisant fi de toute considération morale en ce mois sacré. Ainsi, le consommateur continue de souffrir le martyre en attendant l'intervention efficace de la DCP. D'ici là, les veillées, les soirées ramadanesques et les rencontres conviviales retrouvent leur droit.