La désignation d'un expert par la justice pour délimiter le terrain de la cité et identifier le propriétaire légal est perçue comme une victoire par les habitants. Les habitants de la cité Bois des Pins à Hydra (Alger) voient enfin le bout du tunnel. Le 10 juillet dernier, les travaux d'un chantier de construction d'un parking érigé dans le jardin de la cité ont été entamés. Les habitants s'y sont opposés, donnant lieu à des émeutes avec les forces de l'ordre. La cité était mise alors sous occupation policière pour protéger le chantier et assurer la continuité des travaux. Depuis, le comité des sages de la cité a déposé une dizaine de plaintes, réclamant l'arrêt des travaux et la propriété du terrain. Peine perdue puisque les travaux se sont poursuivis et la justice repoussait à chaque fois la décision. Mais près d'une année après, la justice a pris sa première décision, mettant en cause la thèse selon laquelle le terrain est propriété de l'Etat. Et ça se fête. Le comité des sages de la cité a fêté cette «première victoire» en organisant une cérémonie, avant-hier, au niveau de la cité. D'emblée, le porte-parole du comité des sages, Abdelghani M'henni, annonce la nouvelle en criant victoire. Le tribunal de Bir Mourad Raïs a en effet désigné l'expert Zemmouri Benyoucef, le chargeant de trois missions principales: la première consiste à délimiter le terrain de la cité, la deuxième est d'identifier le propriétaire légal du terrain et la troisième consiste à répondre à la question: «Est-ce que les travaux du chantier sont situés à l'intérieur de ce terrain et est-ce que le constructeur a les documents prouvant la propriété du terrain?» Documents à l'appui, l'orateur restituera l'historique de la cité Bois des Pins depuis l'époque coloniale. En 1910, le terrain appartenait à deux familles, l'une d'origine russe et l'autre d'origine française. En 1952, la Société immobilière d'Hydra avait acheté ce terrain à ces deux familles avant de le vendre, en 1959, à la Société immobilière des Bois des Pins. Cette dernière a construit les bâtiments avant de vendre les appartements et le terrain restant (le jardin des Bois des Pins). Les appartements sont donc des propriétés avec actes et le terrain est copropriété des propriétaires. C'est la présentation des documents attestant cette propriété qui a poussé la justice à désigner l'expert. «Tout plaide pour notre cause. Notre seul souci c'est de défendre notre jardin. Les arbres qu'ils ont arrachés nous appartiennent. On ne demande que la restitution de notre bien. On a toujours agi pacifiquement et par les moyens légaux de la justice», a indiqué l'orateur, soulignant que les travaux du chantier qui se poursuivent sont entamés sans permis de construire, puis avec un faux permis. Selon lui, tous les documents présentés à la justice par «les prédateurs» sont faux. Dans son allocution, M.M'henni est revenu sur le climat de «guerre» qui a régné dans la cité lorsque les travaux ont été entamés sous haute protection policière. Il a rappelé que des femmes ont été agressées, des enfants ont été brutalisés, provoquant une panique générale au niveau de la cité. Il a rappelé également que les habitants ont été soutenus dans leur combat par des moudjahidate telles que Djamila Bouhired, Louisette Ighil Ahriz et Fettouma Ouzeguane. L'orateur n'a en outre pas manqué de saluer le soutien des partis politiques, le FFS et le RCD dont des représentants de ce dernier ont été présents à la cérémonie. Le porte-parole du comité des sages a remercié Mostefa Bouchachi, ex-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme. «Il nous a soutenus et nous a défendus en justice. Aujourd'hui, il est dans un parti politique, c'est son choix», a-t-il dit, ajoutant que le combat continue jusqu'à ce que justice soit faite.