Le bouillonnement syndical coïncide avec la campagne électorale et la Fête internationale des travailleurs. La contestation sociale, qui ne s'est toujours pas arrêtée depuis janvier 2011, ne cesse de monter ces derniers jours pour exprimer un malaise social généralisé. Au-delà des revendications socioprofessionnelles, la majorité des contestataires met en avant la menace qui s'abat sur le droit et la liberté syndicale. Les médecins spécialistes de la santé publique, dont le bras de fer avec le département d'Ould Abbès dure depuis deux ans, dénoncent vigoureusement le recours systématique à la justice au lieu d'ouvrir un dialogue serein et constructif et s'asseoir autour d'une table de négociation. Ce syndicat a dû saisir le Bureau international du travail pour la violation caractérisée du droit à la grève. En somme, un acquis et droit constitutionnel des travailleurs menacé. Le ministère de la Santé recourt également aux ponctions sur salaires des grévistes. «La grève a été décrétée illégale par la justice en raison de l'expiration du mandat de l'organisation syndicale le 13 mars dernier, et le débrayage n'a enregistré que 4% de taux de suivi», a déclaré récemment le ministre de la Santé qui a refusé aux grévistes le droit d'accès au ministère de la Santé. Au 11e jour de grève illimitée des praticiens spécialistes, le bras de fer se durcit davantage. «Nous avons été empêchés d'entrer au ministère de la Santé, une première dans les annales de la lutte syndicale. Le ministre de la Santé transgresse toutes les limites dans sa logique d'entrave à l'exercice syndical», déplore le président du Snpssp, Dr Yousfi. Il affirme que les déclarations du ministre sont fausses et infondées car toutes les instances du syndicat ont toujours été renouvelées à temps et qu'il bénéficie d'un délai de six mois, tel que le prévoit la loi, pour organiser son congrès. La grève illimitée des greffiers perdure dans le temps. Par conséquent, la plupart des audiences au niveau des tribunaux d'Alger ainsi qu'au niveau d'autres juridictions à travers le pays ont été renvoyées à une date ultérieure. La décision a été prise par les juges après que les avocats se soient retirés en signe de protestation contre la désignation de huissiers de justice à la place des greffiers grévistes. Pour les avocats, le remplacement des greffiers grévistes par les huissiers de justice «est une grave dérive et une atteinte aux droits des justiciables. Le greffier est le témoin qui authentifie les actes d'audience. «L'absence de sa signature est un cas de cassation», avait déclaré à la presse Me Sellini, bâtonnier d'Alger. Le secteur de l'éducation n'est pas en reste. La grève illimitée de l'Unpef, soutenue par les adjoints de l'Education, les intendants, les ouvriers professionnels et d'autres corps, a paralysé de nombreuses écoles primaires et CEM. Ce débrayage intervient à quelques jours des examens de fin d'année et en pleine campagne électorale. Néanmoins, la grève illimitée des stations-service, prévue pour la journée d'hier à été repoussée pour après le scrutin du 10 mai. Cette décision à été prise avant-hier au terme de la réunion de négociations regroupant les représentants des gérants des stations de carburant avec les responsables de la Direction des produits pétroliers, a indiqué le président de l'Association du gaz et produits pétroliers. Les travailleurs du pré-emploi et les contractuels exclus du service font partis des manifestants. Les travailleurs de l'Etablissement public des transports urbain et suburbain d'Alger (Etusa) entameront de leur côté une grève illimitée à partir de demain. Un préavis de grève a été déposé le 26 avril dernier par les différentes sections du syndicat de l'Ugta, lesquelles dénoncent la mauvaise situation socioprofessionnelle des travailleurs. Le syndicat menace de paralyser le transport public jusqu'à satisfaction de ses revendications.