La spirale de la violence a repris dans les territoires occupés où l'armée israélienne poursuit ses incursions dans les villes autonomes palestiniennes. Une dizaine de Palestiniens, dont une fillette de douze ans, ont été tués ce dernier week-end et plus de vingt ont été blessés par l'armée israélienne à Ramallah, à Jenine et à Beethléem en Cisjordanie occupée. Cette recrudescence de s israéliennes fait suite à l'assassinat, mercredi dans un hôtel de Jérusalem-Est, du ministre israélien du Tourisme, Rehavem Zeevi, par un commando palestinien. La résistance palestinienne considère l'élimination de Rehavem Zeevi comme une action de représailles après l'assassinat, le 27 août dernier, par l'armée israélienne, du secrétaire général du FPLP Abou Ali Moustapha. Pour Sharon, c'était là une aubaine de conforter sa vision exclusive du dossier palestinien. Et de nouveau, le chef de la droite et du gouvernement israélien fait le forcing pour faire admettre le caractère «terroriste», selon lui, de la résistance palestinienne. N'ayant été suivi ni par les Américains ni par les Européens quand il tenta, au lendemain de la tragédie de New York, de faire passer Yasser Arafat pour son Ben Laden, Ariel Sharon, ne lâchant pas prise, tente maintenant de faire assimiler l'Autorité autonome palestinienne aux taliban, car elle couvrirait les «terroristes» palestiniens. Mais au grand dépit de Sharon, Washington n'a pas inclus les mouvements de la résistance palestinienne sur la liste des groupes et organisations terroristes rendue publique après les attentats antiaméricains. Et ce n'est pas là seulement un geste en direction des Arabes et des musulmans pour obtenir leur soutien dans ses opérations contre les taliban. Au Proche-Orient, les Israéliens ne peuvent plus vouloir la paix sans céder les territoires. Condition sine qua non admise comme incontournable par la communauté internationale. Ce que réitère la direction palestinienne lorsqu'elle appelle à la reprise des négociations et dans le même temps à «la sagesse et à la raison» dont semble totalement dépourvu le Premier ministre israélien. Les Palestiniens souhaitent également une «intervention directe de la communauté internationale pour instaurer un cessez-le-feu effectif, (faire) annuler les mesures israéliennes et assurer la reprise des rencontres politiques et sécuritaires». De fait, les Palestiniens demandent la mise en oeuvre réelle et sérieuse du document Tenet (chef de la CIA américaine qui négocia le cessez-le-feu entre Israéliens et Palestiniens) et les recommandations de la commission Mitchell ( du nom du l'ex- sénateur américain) qui prévoient, entre autres, outre la trêve, des mesures de confiance susceptibles d'accélérer le retour à la table des négociations. Mais cela est-il possible lorsque l'objectif prioritaire de Sharon, qui a inauguré le cycle des assassinats ciblés des militants et dirigeants palestiniens, a été celui de détruire l'Autorité palestinienne et son chef Yasser Arafat? Comme vient de le révéler jeudi le conseiller du président Arafat, Nabil Abou Roudeina, qui assure que l'Autorité palestinienne avait «découvert des plans israéliens pour assassiner le président et d'autres dirigeants palestiniens». Faut-il rappeler que Sharon, dès son accession à la tête de l'Etat hébreu, avait tenté de mettre un terme au processus de paix. Ses actions depuis dix mois convergeaient vers cet unique objectif. Depuis un an, il y a eu plus de morts et de blessés que durant les dix dernières années, et la situation plus précaire, qu'elle ne l'a jamais été depuis 1993.