Difficile consensus. Les partis n'arrivent pas à accorder leurs violons sur la future Constitution, encore moins sur la petite constituante. Même au sein d'une même formation politique, le concept passe mal. On en veut pour exemple le FFS. Lundi, le premier secrétaire national du Front, Ali Laskri, estimait que l'importance du prochain scrutin résidait en partie dans le fait qu'il permettra au FFS de concrétiser l'idée d'une assemblée constituante. Sauf qu'à la veille du 20 avril dernier, Ahmed Djeddaï avait souligné que l'APN qui sera issue des prochaines législatives ne sera pas une constituante et n'aura pas pour rôle de doter le pays d'une nouvelle Constitution. Il va plus loin en expliquant qu'une Assemblée constituante est élue pour un temps bien déterminé en vue d'élaborer entièrement une Constitution, laquelle sera adoptée par voie référendaire, et à l'issue de quoi elle sera dissoute. S'agissant de l'APN, il lui attribue un autre rôle: celui de légiférer. Allez convaincre le citoyen, dans ces conditions à voter le 10 mai. Les personnes en âge de voter disposent déja de très peu d'informations. Elles n'arrivent même pas à saisir la portée du scrutin pour la désignation de l'Assemblée nationale populaire, voilà qu'on ajoute une nouvelle confusion dans les esprits. Celle-ci est, somme toute, ravageuse pour la démocratie. Les électeurs n'arrivent pas à saisir le pourquoi de deux questions à la fois. Il faut d'abord se mettre d'accord sur le fait que l'APN sera «constituante» ou non pour débattre ensuite le contenu à donner à la Constitution. Or, toutes ces questions sont noyées dans un magma de propositions d'une cinquantaine de partis dont les candidats briguent d'abord un fauteuil à la députation sans avoir nécessairement à l'esprit les idées claires à incorporer dans le texte de la Constitution. Plusieurs autres partis à l'instar du PT ont trouvé dans la proposition de Ould Kablia de faire de l'APN une Constituante, le bon moyen d'enjamber les élections législatives en se projetant sur d'autres perspectives. Et de raviver une vieille revendication des deux partis. Le PT ne cesse de réclamer une Constituante depuis 20 ans. Le FFS a depuis toujours opté pour la même tactique. La SG du PT promet d'orienter le débat avec les électeurs sur le rôle constituant de la prochaine APN. Louisa Hanoune a tout à coup revu ses exigences à la baisse, pressée qu'elle est de prétendre que sa vieille revendication a trouvé un écho favorable auprès de la société, ce qui lui permettra d'en faire état dans son bilan politique. Il faut se rappeler que Madame Hanoune a dit que le président de la République lui a confié qu'il soutenait ce genre de démarche en novembre dernier. Curieusement, dans cette affaire, les prérogatives du Président sont tombées dans les oubliettes. C'est à lui qu'appartient cette initiative majeure (révision de la Constitution). Ensuite, il est curieux de s'apercevoir que les adeptes de la transformation de l'APN en constituante passent sous silence le rôle du Sénat.