«Le ministre Louh a trahi le syndicaliste Tayeb Louh», a déclaré, âprement, le président du SNM. Coup de force au Syndicat national des magistrats. Son président M.Ras El-Ain vient d'être écarté par un putsch invraisemblable, au cours d'une session extraordinaire imprévue. Le débat sur le quorum légal de cette session est déclenché. Tout devait se faire dans la journée de jeudi, pour ne laisser aucune occasion de réagir au président déchu. Quelques heures seulement, ont permis aux compagnons Djamel Aïdouni, le SG du SNM, et l'un des principaux adversaires de Ras El-Ain, de prendre le contrôle de l'organisation. D'ailleurs, l'annonce de la nouvelle au JT de huit heures, de l'Entv en dit long sur les «garanties» obtenues par les putschistes pour avoir la tête de Ras El-Aïn, comme l'a d'ailleurs affirmé ce dernier quelques heures avant la rencontre, qui a abouti à sa destitution. Un éternel jeu de rapports de forces claniques qui marque toutes les organisations soumises aux humeurs politiciennes et électorales. Ce serait divulguer un secret de Polichinelle que de dire que toute la corporation, était au courant de la rude bataille politique, dont le syndicat en est un des principaux enjeux. «Qui d'autre légaliserait les résultats des élections», nous indique un magistrat visiblement irrité par la bataille qui, semble-t-il, a achevé le syndicat désormais menacé d'implosion. Le président du SNM, avait fait des déclarations qui ont provoqué un tollé général à son encontre. C'est d'ailleurs, ce qui a été ouvertement déclaré une fois la prise de contrôle du syndicat réussie. «Le président ne représente plus l'organisation, il n'avait pas le droit de prendre part suite à la décision de la cour d'Alger interdisant le congrès extraordinaire du FLN». Autrement dit le président Ras El-Aïn était soupçonné de soutenir le parti de Benflis. Pour sa part, le président déchu a accusé «Les hommes du président d'être derrière le coup de force». Il n'a pas manqué de désigner de doigt l'actuel ministre du Travail «qui n'est autre que Tayeb Louh, l'ancien président du SNM». Selon M.Ras El-Aïn, qui a réagi immédiatement à la session extraordinaire organisée contre lui, «cette dernière a eu lieu dans un cadre extra-syndical, selon les instructions des hautes sphères de l'Etat». «Les magistrats putschistes auraient même bénéficié de tous les appuis moraux et matériels pour la tenir», a-t-il précisé en ajoutant que l'assemblée générale du 9 octobre «avait en toute légalité décidé d'octroyer à la seule AG de déchoir ou d'élire le président, qui à son tour est le seul habilité à provoquer une session extraordinaire avec les deux-tiers de l'assemblée générale».