Le SNM était au bord de l'implosion. Visiblement irrité des débats houleux minés par des arrière-pensées politiciennes, le président du SNM a affirmé que pas moins d'un tiers des cours formant l'assemblée générale ont quitté la salle. «Cette étonnante décision a eu lieu dans un moment crucial de l'AG, c'est-à-dire lors de la procédure d'authentification de qualité de membre», a-t-il soutenu. Evitant soigneusement de désigner nommément les instigateurs de ce coup de théâtre, M.Ras Al-Aïn a indiqué implicitement que certains sont venus avec une velléité de torpiller les assises et empêcher l'élection des instances du SNM. «On me reprochait d'avoir réagi à la décision de justice contre le FLN», a-t-il indiqué en ajoutant que, de par son statut de président de SNM, «il était de mon devoir de me prononcer sur toute violation ou instrumentation de la justice à des fins politiciennes». A ce titre, il paraît clair que le conflit opposant Bouteflika à Benflis pour la présidentielle a atterri durement sur le corps des magistrats, provoquant une fissure difficile à combler au sein de leur syndicat. Cela étant, le conseil national a été dans l'obligation de maintenir le satu quo. Ainsi, après une course contre la montre, le conseil national s'est mis d'accord pour reconduire les instances actuelles, reportant les élections au mois de juin prochain. «Nous avons réussi à sauver le SNM» a soutenu M.Mohamed Ras Al-Aïn. Ce dernier qui remplace, conformément aux statuts du SNM, M.Tayeb Louh devra donc terminer le mandat de ce dernier appelé à l'Exécutif. Durant les travaux, les débats autour des modifications des statuts et le règlement intérieur du syndicat étaient tellement minés qu'aucune nouvelle disposition n'a été votée. «Les assises se sont soldées par des recommandations retenues pour la 5e AG», a indiqué M.Ras Al-Aïn. A noter aussi que la préparation d'un code de déontologie, inscrite initialement à l'ordre du jour, a fini par être retirée après un débat houleux, car les participants ont estimé que la priorité doit être donnée aux deux lois organiques. Ayant peur pour l'avenir du corps, plusieurs participants ont mis en garde contre «la manipulation politique» appelant les congressistes à «sauvegarder» leur syndicat qui constitue «le seul cadre pour la réalisation des aspirations des magistrats», d'autant qu'il passe par «une rude épreuve». Par ailleurs, plusieurs congressistes ont manifesté leur désarroi, quant aux tournures qu'ont prises les travaux, marqués par des calculs politiciens. «On ne peut pas ôter au juge son droit d'avoir des convictions politiques, mais aucune morale ne lui permet de les imposer dans son corps souverain (...) il y a eu des magistrats, qui n'ont, malheureusement, pas pu se retenir», a-t-il conclu. A ce titre, le président du SNM a appelé au cours d'une conférence de presse improvisée dans le salon de l'hôtel Riadh, à une conférence nationale autour du statut et de l'immunité du magistrat.