C'est donc aujourd'hui! Le vote de ce jeudi - pour l'élection de la septième Assemblée multipartite - aura focalisé jusqu'à l'ultime minute l'attention des gouvernants et des partis dont le leitmotiv a été unanime: «Votez massivement». Certes! Si le gouvernement est parfaitement dans son rôle d'appeler les citoyens à exercer leur droit électoral, on n'en dira pas tant pour ce qui est des partis politiques qui ont fait de ce challenge (presque) leur unique programme de campagne. Il est patent que le souci d'avoir une Assemblée nationale légitime - ou légitimée par un vote conséquent - entre dans l'ordre des choses. Aussi, quelque part, il y a comme un malentendu et les partis politiques ne semblent pas avoir totalement assimilé le rôle d'une campagne électorale dont l'objectif premier est, d'une part, proposer un programme alternatif de gouvernance (politique, économique, industrielle, sociale, culturelle, environnementale...) adapté à la situation que vit le pays; d'autre part, convaincre que le(s) parti(s) dispose(nt) des hommes et des femmes capables d'appliquer ce programme et d'apporter un plus aux Algériens. Cela a-t-il été le cas au long des vingt et un jours de campagne électorale? Nous n'en jurerons pas d'autant plus qu'aucun parti, y compris ceux au pouvoir, n'a été en mesure de provoquer cette étincelle qui réveille les consciences, faisant dire au citoyen, «tiens, ça c'est nouveau et mérite que l'on en sache plus». La campagne, en fait, a laissé les Algériens sur leur faim: peu de partis, pour ne point dire aucun, ont abordé de front des sujets importants, voire cruciaux, comme la révision de la Loi fondamentale et le choix du système politique que cela pourrait induire; peu ont parlé du vide industriel qui pénalise l'Algérie condamnée, après cinquante ans d'indépendance, à importer ses pièces détachées; aucun leader politique n'a cru devoir aborder les questions économiques, alors que l'Algérie dépend totalement des exportations du gaz et du pétrole. Comment, en effet, garantir l'avenir des générations à venir quand les énergies fossiles ne sont pas renouvelables, que nombre d'experts estiment que la durée de vie des gisements algériens serait évaluée entre 30 et 50 ans. Dès lors, comment - ou de quoi - vivront les Algériens de 2050 - la population de l'Algérie comptera alors entre 45 et 60 millions d'habitants - si nous demeurons incapables de produire nos propres machines (pour garantir notre indépendance industrielle), incapables d'assurer notre autosuffisance alimentaire (nous importons près de 80% des produits alimentaires finis ou semi-finis) lorsque la manne pétrolière et gazière ne serait plus là pour suppléer à ces déserts industriels et agricoles? Voilà les thèmes qui étaient attendus de la part des candidats à la députation, démontrant qu'ils disposaient de la stature politique les qualifiant à réfléchir à des solutions qui induisent la croissance (industrielle et économique) seule à même de promouvoir l'emploi qui garantisse la stabilité de la société. L'Algérie avait besoin d'hommes et de femmes nouveaux - cette génération post-Indépendance de laquelle beaucoup était attendu - dont le discours soit clair, qui sachent ce qu'ils veulent et comment y arriver. Or, a contrario, nous avons surtout entendu des discours creux et laudateurs, des promesses sans liens avec la future fonction de député, des hommes peu préparés au discours politique et surtout aux missions (législatives) qui les attendent. En revanche, outre donc ces promesses mirobolantes (sur l'emploi et le logement en particulier), les candidats se sont surtout astreints à inciter les électeurs à être nombreux à accomplir ce 10 mai leur droit électoral. Il est patent qu'il n'y aurait point eu besoin d'insister pour que les citoyens se dirigent en masse vers les urnes pour peu que les postulants à la députation aient été convaincants. Tant il est vrai que l'on ne vote pas pour un visage, mais pour un programme et les capacités des hommes à légiférer pour le pays. On saura cette nuit si la «cuvée» 2012 a été suffisamment probante. N. K.