Alors que la campagne électorale pour les législatives du 10 mai, qui est entrée dans sa deuxième semaine, connaît des hauts et des bas, s'impose avec acuité la question de la légitimité. La légitimité de ceux qui briguent un mandat de député sans avoir les qualités et capacités intrinsèques pour ce faire. Nous avons eu, au cours des dernières décennies, les légitimités «historique» et «révolutionnaire» qui, par nombre d'aspects, avaient faussé la donne politique. En 2012 il est patent que le recours, notamment, à la «légitimité révolutionnaire» pour imposer des candidats autrement non qualifiés, n'est plus fondé. Ce que rappelait implicitement le Président Bouteflika lorsqu'il déclara devant le congrès de l'ONM (en 2004) que la légitimité historique est terminée. Or, dans le sillage de cette «légitimité historique» est née la «famille révolutionnaire» qui a accaparé les clés du pouvoir, faussant aussi bien les règles du jeu politique qu'elle a rendu problématique, la lisibilité et la visibilité d'une scène politique phagocytée par les oukases de dinosaures ayant annihilé l'ouverture politique initiée par la loi fondamentale de 1989. Aussi, seule la «légitimité» des urnes aurait dû départager les concurrents pour envoyer à l'Assemblée populaire nationale les plus méritants et répondant au «cahier des charges» de la fonction. Le fait est qu'en démocratie, la seule source de légitimité reste celle des urnes. Mais, cela n'a pas été en fait évident tant les fraudes, voire les corruptions, avaient altéré les résultats qui, souvent, étaient en-deçà des attentes des citoyens. Aussi, il n'est pas étonnant que l'espace politique national ait été marqué, tout au long de l'exercice du pouvoir, par une insuffisance flagrante de «légitimité» politique. Or, plus de dix jours après le début de la campagne des législatives, le moins qui puisse être relevé, ce sont les carences dont font montre les candidats à la députation, l'à-peu-près avec lequel les dossiers cruciaux qui interpellent dirigeants et hommes politiques sont abordés et évoqués, faisant douter des principes, voire des aptitudes, de ceux qui sollicitent les Algériennes et les Algériens pour un mandat parlementaire. Il y eut aussi des séquences qui font réfléchir quant à la pertinence des propos des candidats, d'aucuns se trouvant carrément en décalage par rapport aux préoccupations citoyennes. Sur un autre plan, des candidats n'ont pas (au propre comme au figuré) hésité à mettre à contribution l'image du chef de l'Etat. Ce qui est normalement une infraction à l'éthique de la campagne électorale. C'est une campagne électorale partisane, comment s'explique dès lors la présence du portrait du chef de l'Etat, qu'un candidat s'est cru autorisé à exposer, lors de son passage à la télévision dans le créneau de 19h30-20h00? Comme ne s'explique pas non plus la référence au chef de l'Etat, qu'a faite le secrétaire général du RND, lors de son meeting à Constantine. Ce sont là quelques-unes des bizarreries vues ou entendues au long d'une campagne électorale qui met en doute la dimension politique des candidats ou de leurs mentors (chefs de parti) qui n'ont su ni renouveler leurs discours, ni mobiliser l'électorat, par la nouveauté et la profondeur de la vision qu'ils ont, se font de l'Algérie de demain. D'où la question de savoir de quelle assise politique disposent des candidats à la députation dont l'amateurisme est avéré? Leur suffit-il d'appeler à un vote massif le 10 mai, comme ils l'ont fait jusqu'ici, alors qu'ils n'ont été d'aucune manière convaincants, ressassant des promesses dont il est évident qu'elles n'engageronts que ceux qui y ajoutent foi, tant le niveau volait assurément bas. Il est vrai que la légitimité c'est aussi, surtout, avoir des idées et des convictions politiques à faire partager. Une denrée qui a été plutôt rare au long des dix premiers jours de la campagne électorale. Hélas!