Il sera difficile aux militants et dirigeants des partis politiques de faire oublier que les clivages nouveaux qui les divisent actuellement n'ont aucune portée politique et sont tous des enjeux de rémunérations. Il y a un clivage entre ceux qui étaient déjà députés et ceux qui ne l'ont jamais été. Ceux qui ne l'ont jamais été demandent aux autres un peu plus de solidarité. Quel type de solidarité ? «Vous, vous touchez déjà trente millions par mois et vous continuerez à les percevoir. Maintenant, c'est à notre tour de les percevoir.» «Oulach smah, oulach» dans ce domaine. Le statut de député avec l'immunité et les revenus que cela procure brouillent toutes les analyses politiques dès lors que c'est l'argent qui fait bouger les militants. «S'ils ne peuvent pas sortir l'Algérie de la crise, ils se sortiront pas eux-mêmes de cette crise.» La politique est désormais polluée en Algérie, et pour très longtemps encore. De vraies campagnes électorales ? Allons donc ! Qui va croire les futurs discours politiques de campagne ? Programme économique ? Programme social ? Stratégie industrielle ? Qui va convaincre les populations que cette fois, il y aura réellement du changement ? A voir l'intensité des guerres dans les partis, juste pour accéder à des privilèges, personne ne croira que ceux qui se disputent pour trente millions par mois auront vraiment la volonté, la capacité et les compétences requises d'influencer les décideurs sur des orientations en mesure de sortir le pays de la crise et de s'opposer à ces derniers qui se transforment en «couturiers» politiques et qui dessinent les représentations politiques. Ce sont ceux-là qui vont «faire» la Constitution ? Les redresseurs et ceux qui s'opposent à leur redressement ont le même objectif, l'intérêt. C'est au nom de l'intérêt qu'on prend en otage le parti, qu'on veut redresser le parti ou qu'on change de parti.