Les ministres européens des Affaires étrangères ont adopté lundi un quinzième train de sanctions à l'encontre du régime syrien, tout en réfléchissant aux moyens de soutenir la mission de Kofi Annan, considérée comme «la seule alternative » possible pour mettre un terme aux violences. Ce nouveau train de sanctions, dont le détail sera publié mardi au Journal officiel de l'UE, porte à 129 le nombre de personnes visées par des interdictions de visa et des gels d'avoirs et à 43 le nombre de sociétés sanctionnées par l'UE pour leur soutien au régime de Bachar al-Assad. Lors de leur dernière réunion en avril, les ministres avaient décidé d'interdire les exportations de produits de luxe vers la Syrie, une mesure essentiellement symbolique qui visait le train de vie du couple Assad, mais dont le détail n'a toujours pas été fixé par les services de l'UE. Les sanctions européennes visent déjà la banque centrale, le commerce de métaux précieux ou les vols de fret. Un embargo pétrolier et un embargo sur les armes et le matériel pouvant servir à la répression viennent compléter la palette de sanctions de l'Union européenne à l'encontre du régime syrien, alourdie graduellement depuis plus d'un an. «Il est très important de maintenir la pression sur le régime », a estimé le chef de la diplomatie britannique William Hague. Il faut en même temps que l'Union européenne et ses Etats «s'investissent » pour soutenir le renforcement de la mission de l'ONU en Syrie menée par l'émissaire international Kofi Annan, car «c'est la seule alternative que nous avons pour éviter que les atrocités continuent en Syrie », a plaidé son homologue Jean Asselborn. « Il y a pas d'autre solution: la solution militaire n'est pas une solution, ni pour l'Europe, ni pour d'autres pays », a-t-il insisté. Déployés depuis le 15 avril pour surveiller l'application d'un cessez-le-feu pourtant continuellement bafoué, les premiers observateurs doivent passer à quelque 300 en vertu de la décision du Conseil de sécurité. Leur présence «conduit à une sorte de réduction de la violence et de la répression dans les zones où ils sont en mesure d'être présents », a estimé le Suédois Carl Bildt. L'UE doit «se battre pour faire fonctionner » le plan Annan, a-t-il insisté, l'alternative étant «la descente vers une guerre civile sectaire. Cela serait profondément dévastateur pour la Syrie et la région entière », a jugé M. Bildt. Tout en jugeant que la plan Annan était «le bon plan et le meilleur plan pour toute sorte de transition pacifique en Syrie », M. Hague a averti qu'il ne disposait «pas d'une période indéfinie pour fonctionner », sans clairement indiquer ce qui se passerait en cas d'échec. « Nous soutenons cette mission et ce week-end elle a pris livraison d'un certain nombre de véhicules blindés » financés par l'Union européenne, a précisé la Haute représentante aux affaires étrangères de l'UE, Catherine Ashton. Selon des diplomates, il s'agit de 25 véhicules blindés, qui viennent s'ajouter aux efforts fournis par les Etats membres de l'UE à titre national.