Le président élu français compte soutenir la Mauritanie dans sa lutte contre Al Qaîda au Maghreb islamique. Le président français, François Hollande, fraîchement élu à la tête de la Ve République veut garder un regard vigilant sur les anciennes colonies françaises en Afrique. Une volonté qu'il avait bel et bien manifestée lors de sa campagne électorale. Pour lui, il faut aider les pays de Sahel dans la lutte contre Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Cela signifie-t-il que François Hollande est aussi attaché à la réédification de l'axe Bamako-Nouakchott- Rabat pour court-circuiter la tentative de l'Algérie de coordonner un plan régional de lutte antiterroriste? Pas si sûr cependant. Toutefois, l'entretien téléphonique entre François Hollande et le chef de l'Etat mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, lors duquel les deux hommes ont parlé de la situation au Sahel où sévit Aqmi, renseigne tout de même sur le fait que la France de Hollande continuera dans le même sillage que celle de Nicolas Sarkozy en matière de relations géostratégiques avec ses anciennes colonies d'Afrique. En outre, il convient de souligner que cet entretien, le premier depuis l'élection de Hollande le 6 mai, a porté sur «les excellentes relations existantes entre les deux pays et les voies et moyens de les renforcer davantage, ainsi que sur la situation qui prévaut dans la sous-région» des pays du Sahel, selon l'agence mauritanienne d'information (AMI). D'autant plus que la France, ex-puissance coloniale et premier partenaire dans le développement de la Mauritanie, soutient également ce pays dans sa lutte contre Aqmi qui a des bases dans le nord du Mali que l'organisation islamiste contrôle en partie depuis début avril avec d'autres groupes armés. La Mauritanie a mené depuis 2010, dans le nord du Mali, avec l'accord de Bamako, des actions militaires contre des bases d'Aqmi en territoire malien pour «l'empêcher d'attaquer son territoire et maintenir ses combattants loin de ses frontières». Par ailleurs, il est à rappeler que lors du débat, à la veille du deuxième tour de la présidentielle française, entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, ce dernier avait estimé que «la Mauritanie doit être aidée dans sa lutte contre le terrorisme et le crime organisé». C'est dire que Hollande réaffirme son soutien d'ores et déjà à la Mauritanie dont l'activisme antiterroriste ne se fait pas sans le précieux appui logistique, voire de troupes militaires françaises. Néanmoins, il subsiste trop de non-dits dans le rapprochement entre la France et la Mauritanie au titre de la lutte contre le terrorisme trans-sahélien. Notons, toutefois, que ce tandem franco-mauritanien met quelque peu à mal les efforts réalisés jusqu'ici par, notamment l'Algérie et les autres pays de la région pour mettre fin au phénomène terroriste. L'Algérie, rappelle-t-on, a déjà exprimé son irritation quant à la démarche de cavalier seul de certains de ses partenaires sahéliens. Relevons toutefois l'existence d'un accord entre Bamako et Nouakchott qui a permis notamment à la Mauritanie de déployer plusieurs unités de l'armée dans le nord malien, dont des GSI (groupements spéciaux de lutte antiterroriste). Entraînées à la lutte contre les groupes terroristes par les Français, ces unités ont franchi la frontière avec le Mali et se sont déployées dans le Nord désertique du pays, fief connu des groupes salafistes armés. Bien sûr, l'activisme antiterroriste mauritanien ne pouvait se faire sans l'aide de la France.