Ces nouvelles recrues devaient transiter par la Libye pour rejoindre la Syrie via le Liban. Le rapprochement entre différentes fractions terroristes affiliées à Al Qaîda au Maghreb n'est plus à déterminer, mais il demeure difficile à contourner. Les faits du contexte sécuritaire qui prévaut actuellement dans cette partie du monde sont en somme les conséquences directes engendrées par la révolution du Jasmin en Tunisie et l'insurrection armée de Benghazi, aggravée par l'intervention militaire de l'Otan. Complètement affaiblie en Afghanistan, les cellules de la nébuleuse sont par contre de plus en plus structurées au Maghreb et s'adonnent à des opérations de rapts, notamment contre des ressortissants occidentaux, comme l'atteste le conseiller principal du président Barack Obama pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste, John Brennan. Certaines sous la coupe d'Abou Zeid vont rejoindre la Libye jusqu'à la chute du régime d'El Gueddafi, pour revenir ensuite vers le nord du Mali, d'autres, selon des sources très bien informées, vont rejoindre via les frontières libanaises la Syrie pour servir aux côtés de ce qu'on appelle ASL (l'armée syrienne libre). La mobilisation transfrontalière des groupes terroristes dont la composition comprend plusieurs nationalités, aussi bien maghrébines qu'africaines, confirme l'avertissement lancé par l'Algérie avant d'être repris par des responsables américains. Tout est a priori mis en place par les «leaders» du terrorisme pour donner un sursis de survie à la nébuleuse après la neutralisation d'Oussama Ben Laden en début du mois de mai de l'an dernier. Un groupe qui semble composé de nouvelles recrues au nombre de 7 éléments vient d'être arrêté à Bir El Ater à Tébessa. Ceux là mêmes devaient rejoindre la Libye où ils seront pris en charge par les valets de Belhadj Abdel Karim, chef terroriste libyen, et transférés vers la Syrie via le Liban. C'est un certain Ahmed de nationalité syrienne qui a pour mission d'acheminer les nouvelles recrues, venant de Libye, de Tunisie ou d'Algérie vers Damas pour renforcer les groupes armés en Syrie. Des terroristes de nationalité tunisienne récemment arrêtés en Syrie l'ont confirmé devant les caméras de la télévision syrienne. Dans ce contexte, l'ambassadeur syrien près l'ONU, Bachar Jaafari, a évoqué le 10 mai la présence de plusieurs terroristes étrangers en Syrie. 26 terroristes d'entre eux affiliés à Al Qaîda, ont été arrêtés. Même s'il s'agit pour la plupart de Tunisiens et de Libyens, la présence de terroristes algériens est autant évidente selon nos sources se basant sur des renseignements en leur possession. Néanmoins, rien d'officiel de la part du gouvernement syrien ne confirme l'arrestation d'un terroriste algérien sur le territoire syrien. Une vidéo diffusée sur un site Internet islamiste affirme, cependant, les renseignements de nos sources sur la présence d'éléments terroristes algériens partis en Syrie. Des sources concordantes réitèrent la donne selon laquelle le terrorisme n'a pas de frontière. Ses précurseurs tirent profit de chaque situation de crise pour s'y implanter. Elles soulignent à ce propos que l'Algérie a pris ses dispositions, en renforçant le dispositif sécuritaire au niveau des frontières pour contrôler toutes transitions de groupes terroristes, mais aussi pour contrecarrer les transactions illicites du trafic d'armes. Pour nos sources, ce sont surtout les explosifs qui constituent une menace et c'est la stratégie désormais appliquée par les terroristes pour commettre leurs forfaits. Ça leur coûte moins de pertes en matière d'effectif. Si en Algérie l'expérience incontestable des services de sécurité en matière de lutte antiterroriste fait que la situation reste maîtrisée, en Tunisie elle est manifestement tendue, dans la mesure où certaines mosquées aux mains d'islamistes radicaux appellent les jeunes au djihad. A ce propos et en marge d'une réunion avec le chef du gouvernement libyen Abdel Rahim Al-Kib, qui s'est tenue il y a quelques jours, le ministre de l'Intérieur tunisien Ali Larayedh évoquant cette question déclare: «Nous déplorons que des jeunes s'engagent dans de mauvaises aventures. Certains ont été tués, d'autres emprisonnés, d'autres continuent de combattre en Syrie. Nous suivons ces choses de près.» Mais pour combien de temps? Là est la question qui mènera les services de sécurité tunisiens à coordonner leurs efforts avec leurs homolgues algériens et à renforcer une coopération sécuritaire avec la Libye, dont le gouvernement semble dépassé par les événements!