Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M.Tayeb Belaïz, a refusé de commenter le mouvement opéré dans le corps des magistrats par le président. Il en a été de même en ce qui concerne la crise qui secoue les rangs du Syndicat national des magistrats (SNM). Approché par nos soins hier, en marge de l'installation officielle d'un groupe de travail chargé d'enrichir le projet de l'ordonnance relative à l'organisation pénitentiaire et la réinsertion sociale des détenus, le ministre de la Justice a opté pour le silence. «Ce n'est pas une conférence de presse. Le ministre a d'autres engagements», nous a répondu l'un de ses collaborateurs. Le silence du ministre en dit long sur le malaise régnant au sein de cette institution, surtout après les aléas politico-judiciaires de l'affaire du congrès du FLN et l'éviction du Ras El-Aïn de la tête du SNM. Ras El-Aïn a justement été empêché d'organiser une conférence de presse dans laquelle il avait promis de faire «des révélations graves». Sur un autre chapitre, le ministre, dans son discours prononcé à l'occasion de l'installation dudit groupe, a fait l'éloge de la politique du président en ce qui concerne la prise en charge de la population carcérale. Il a mis l'accent sur le fait que «ce projet s'inspire du plan de réforme globale du secteur de la justice initié par le chef de l'Etat». Le projet, qui sera débattu durant deux jours, vise notamment «la protection de l'honneur et de la dignité du détenu et invite les principaux concernés par l'application de cette organisation à s'investir en vue d'améliorer le système pénitentiaire actuel en butte, a-t-il relevé, à de nombreux dysfonctionnements». La correction des dysfonctionnements du système pénitentiaire actuel s'impose avec force, précisent les membres du groupe du travail. Le défi à relever consiste en la «concrétisation des principes du respect des droits de l'homme et à se conformer et s'adapter aux normes internationales en la matière». Répondant aux interrogations de l'assistance relative aux mécanismes concrets de l'application du projet de loi, le ministre a indiqué: «Nous sommes en train de réfléchir sur un plan d'urgence en matière notamment de constructions d'établissements pénitentiaires conformes aux normes internationales.» Il a reconnu «les conditions carcérales difficiles», citant un déficit énorme en matière d'infrastructures pénitentiaires, avant de préciser que «la moitié des établissements pénitentiaires datent d'avant l'indépendance du pays sur un total de 127 établissements abritant pas moins de 40.000 détenus à l'échelle nationale».