Promulguées dans le cadre du renforcement des textes juridiques pour la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, de nouvelles obligations juridiques viennent de renforcer le rôle des commissaires aux comptes algériens, en élargissant leurs missions d'une part, en matière de contrôle des entreprises financières et non financières et d'autre part, en raison des lourdes sanctions qui pèsent désormais sur leurs responsabilités en tant que telles. En effet, plus de 400 commissaires aux comptes ont participé, hier, au séminaire ayant pour thème «la dynamisation de l'entreprise algérienne» à l'hôtel El Aurassi à Alger. Présentés dans un menu riche et diversifié, les deux thèmes portant sur «la prévention et la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme», développé par Rabah Boussaïd, ainsi que «l'obligation faite aux commissaires aux comptes relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme», exposé par Omar Chahih, ont été les plus attendus, notamment par les médias. Rabah Boussaïd, expert comptable et commissaire aux comptes, a indiqué en marge de son intervention que la lutte contre ces phénomènes est du ressort de toutes les institutions et les citoyens qui doivent au demeurant dénoncer les irrégularités«Le blanchiment des capitaux, est à l'origine un acte illégal, comme la vente de la drogue, qui génère des sommes colossales et qu'on rend légale, en achetant des biens immobiliers et plus», a-t-il expliqué. De son côté, Omar Chahih, expert en la matière, met le point sur le renforcement des missions des commissaires aux comptes, tout en rappelant les lourdes sanctions qui pèsent sur les concernés. La promulgation de la loi 01-2012, fait obligation aux commissaires aux comptes de passer les comptes des entreprises au peigne fin, tout en appuyant la nouvelle loi portant sur la déclaration de soupçon qui ouvre la voie à d'autres audits et contrôles qui déterminent les responsabilités de l'entreprise financière ou non, à savoir, même les partis politiques qui bénéficient des financements louches et réprimé par la loi. Répondant à notre sollicitation, Mohamed D. 55 ans environ, ancien expert comptable, dira à propos: «C'est une bonne chose dans la mesure, où l'on peut lutter de manière efficace contre ces fléaux. Mais d'autre part, les commissaires aux comptes, ne sont pas protégés contre les barons du marché informel», selon ce commissaire aux compte qui n'a fait que refléter la réalité. Une thèse qui a été soutenue par de nombreux spécialistes qui pointent le marché informel, comme principale source de blanchiment des capitaux et autres financements du terrorisme. Toutes nos tentatives pour dénicher la moindre information sur l'état des lieux en matière de blanchiment d'argent en Algérie ont été vains. «C'est un top secret, que personne ne peut donner», nous dit-on. Les spécialistes en matière de lutte contre les détournements, affirment que «c'est une responsabilité directe. Aucun commissaire aux comptes, ne peut être complice de son propre malheur», nous dit-on en guise de réponse à certaines rumeurs qui parlent de délivrance des certificats et des bilans de complaisance aux entreprises. Très rarement on apprend que des commissaires aux comptes sont poursuivis en justice, à l'exception du cas Khalifa Banque, où deux commissaires aux comptes ont étés traduits devant les tribunaux. Organisé par la Chambre nationale des commissaires aux comptes, le séminaire a été un véritable point de départ pour l'adaptation des entreprises aux nouveaux textes de loi en matière de lutte contre les déviations d'ordre financières sous toutes leurs formes.