Qui est derrière l'horrible crime de Houla? La question demeure pendante et tous les acteurs du drame syrien en portent la responsabilité Cette visite en Syrie, sa deuxième depuis sa désignation comme émissaire il y a trois mois, intervient alors que le cessez-le-feu instauré le 12 avril dans le cadre de son plan de paix est plus que jamais ignoré. Le médiateur international Kofi Annan, arrivé hier en Syrie, s'est dit «horrifié» par le massacre perpétré à Houla (centre) qui a mis encore un peu plus en péril son plan de paix et conduit le Conseil de sécurité à condamner Damas. «Je suis personnellement choqué et horrifié par les événements tragiques d'il y a deux jours», a déclaré M.Annan à son arrivée à Damas, en référence au massacre perpétré dans cette ville où 108 personnes, dont une cinquantaine d'enfants, ont péri vendredi, selon l'ONU. «C'était un acte répugnant, aux conséquences profondes», a ajouté le médiateur de l'ONU. Selon son porte-parole, M.Annan doit rencontrer le président Bachar Al Assad, le général Robert Mood, chef de la mission des observateurs en Syrie, ainsi que des représentants de l'opposition et de la société civile. Cette visite en Syrie, sa deuxième depuis sa désignation comme émissaire il y a trois mois, intervient alors que le cessez-le-feu instauré le 12 avril dans le cadre de son plan de paix est plus que jamais ignoré. Dimanche, 87 personnes ont été tuées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé à Londres), l'un des bilans les plus lourds depuis l'entrée en vigueur de la trêve. Hier, 25 personnes ont encore trouvé la mort, dont quinze soldats et deux rebelles tués dans de violents combats dans la région de Damas. De nouvelles manifestations massives se sont déroulées pour le troisième jour consécutif pour dénoncer le massacre de Houla. Dans cette localité, on pouvait notamment lire sur une banderole «L'ONU nous tue», témoignage de la colère grandissante des militants contre la communauté internationale accusée d'inaction. Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné les autorités syriennes pour l'attaque menée vendredi à Houla, dénonçant dans une déclaration adoptée à l'unanimité «une série de bombardements par les tanks et l'artillerie gouvernementale contre un quartier résidentiel». Le Conseil a exigé que Damas cesse immédiatement d'utiliser des armes lourdes dans les villes rebelles et qu'il retire ses forces de ces villes, conformément au plan Annan. Les 15 pays membres ont réaffirmé leur soutien aux efforts de l'émissaire international et l'ont chargé de transmettre «dans les termes les plus clairs» leurs exigences au gouvernement syrien. La Russie, alliée de Damas, s'est jointe à ses 14 partenaires, avant d'estimer hier que les «deux parties», régime et rebelles, étaient impliquées dans le massacre, arguant de la présence de blessures à bout portant en plus des tirs d'artillerie. Moscou a appelé la communauté internationale à cesser de chercher la chute du régime syrien et à jouer le «même jeu» qu'elle, en privilégiant la mise en oeuvre du plan Annan. «Nous ne soutenons pas le gouvernement syrien. Nous soutenons le plan de Kofi Annan», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, soulignant qu'il était plus important de «mettre fin à la violence» que de «se préoccuper de qui est au pouvoir en Syrie». Les Frères musulmans de Syrie ont accusé le Conseil de sécurité d'envoyer un «mauvais message» au régime syrien, en se contentant de le condamner sans prendre de mesure à son encontre. Les autorités de Damas ont de leur côté nié «totalement toute responsabilité gouvernementale dans ce massacre terroriste qui a visé les habitants». Téhéran et Pékin, qui soutiennent Damas, ont condamné hier ce carnage, tout en estimant qu'il fallait identifier les responsables, tentant ainsi d'exonérer les autorités syriennes. Une commission conjointe armée-justice, chargée par Damas d'enquêter sur ces violences, les plus graves depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, doit publier ses conclusions demain. L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a réclamé une enquête de l'ONU, estimant que «tant que les combattants peuvent opérer en toute impunité, les horreurs en Syrie vont continuer». Après le massacre de Houla, le plan de paix en six points de Kofi Annan, prévoyant, outre une trêve, le retrait des armes lourdes des villes et un dialogue politique, est sur la sellette.