Les offensives de la guérilla ne se démentent pas et ont continué la journée d'hier, marquée par de nouvelles attaques. Deux soldats de la coalition et trois Irakiens ont été tués hier à Kirkouk, au nord, et à Kerbala à l'ouest de l'Irak, suite à de nouvelles offensives de la guérilla irakienne. Celle-ci semble, depuis quelques jours, avoir adopté l'attaque tous azimuts en prenant pour cibles les Américains, notamment, et des collaborateurs irakiens de la coalition américano-britannique. De fait la dégradation continue de la situation sécuritaire a même incité certains pays à retirer d'Irak leur personnel diplomatique, ne serait- ce que temporairement. Dans ce cas de figure, l'Espagne semble avoir ouvert la brèche par l'annonce faite par la ministre des Affaires étrangères, Ana Palacio, à partir de Berlin. Le chef de la diplomatie espagnole a indiqué à la presse qu' «en cette période très compliquée, nous avons temporairement retiré le personnel de Bagdad (mais) ils reviendront bientôt.» Est-ce le signal du départ des diplomates présents en Irak, après le retrait, dans le sillage de l'ONU, de certaines ONG humanitaires ciblées ces derniers jours par les attaques de la résistance? Cela en a tout l'air, ce qui accentue d'autant plus l'échec de la coalition et des Américains, plus singulièrement, à pacifier et à sécuriser le pays qu'ils sont venus libérer. Or, l'échec premier des Américains est qu'ils ne sont pas parvenus, après six mois de présence, à se concilier le peuple irakien auquel il a été vainement demandé d'aider la coalition en dénonçant les restes du régime de Saddam Hussein et de donner des informations à l'armée d'occupation. Désorientés, les Américains ne comprennent toujours pas la mentalité arabe mais restent fermés à toute initiative venant de l'extérieur de la coalition. Sur la défensive, les soldats américains tirent sur tout ce qui bouge, comme cela a été le cas de la mort d'un magistrat tué lundi soir par des forces américaines. Selon un policier irakien, «les soldats américains qui étaient en embuscade dans un quartier de la ville à la recherche d'assaillants ont ouvert le feu sur une voiture à bord de laquelle se trouvait le juge Hussein Ahmed Chehab et son cousin qui conduisait le véhicule, Attalah Khalaf». Cet assassinat a d'abord été attribué à la guérilla irakienne du fait que le juge en question enquêtait sur certaines personnalités du régime déchu. Ainsi, à l'instar des cow-boys, le soldat américain tire d'abord et pose ses questions ensuite. Mais cela montre surtout la psychose de la peur dans laquelle se trouve le simple soldat confronté à une situation qui, en fait, le dépasse. Il croyait être venu en villégiature en Irak, il y rencontre de plus en plus la mort. Et le nombre de soldats américains tués depuis la fin de la phase «majeure» de la guerre commence à chiffrer. A Falloujah, où 16 soldats américains trouvèrent la mort dimanche, les fouilles se poursuivaient dans l'espoir de retrouver des débris de l'hélicoptère attaqué par un missile de la résistance. Très peu loquaces, les militaires sur les lieux ne disent mot se contentant du simple: «Nous continuons de fouiller.» Le lieu où est tombé l'hélicoptère a été proclamé zone interdite alors que les officiers américains cherchaient toujours à comprendre ce qui s'est passé et le pourquoi de la destruction de ce lourd appareil de transport réputé totalement sécurisé. Face à ses déboires en Irak, l'administration Bush a été quelque peu rassérénée par le Congrès qui accéda à la demande de la Maison-Blanche de lui allouer un budget supplémentaire pour l'Irak. Ainsi, tard dans la soirée de lundi, le Congrès a voté une rallonge de 87,5 milliards de dollars pour l'Irak et l'Afghanistan. Toutefois, l'essentiel de cette somme est destiné à l'Irak.