Une crise qui menace d'ébranler la maison du FFS Cette guéguerre interne n'est en fait qu'une course pour la succession de Hocine Aït Ahmed. La crise interne que connaît le Front des forces socialistes (FFS) n'a pas laissé indifférents les anciens cadres. Ainsi, on apprend de sources crédibles que les ex-premiers secrétaires du parti se sont donnés rendez-vous pour discuter et évaluer l'état de santé du parti. Saïd Khellil, Mustapha Bouhadef, Djoudi Maâmeri, tous anciens premiers secrétaires et Djamel Zenati, ancien directeur de campagne de Hocine Aït Ahmed durant la présidentielle de 1999, comptent organiser une rencontre élargie aux militants pour sauver le FFS. Cette initiative intervient, croit-on savoir, à la demande des militants et cadres du FFS, qui conteste l'actuelle direction du parti accusée de proximité et de «compromission» avec le régime. Cette rencontre d'envergure doit, selon nos sources, aboutir à une grand rassemblement de tous les militants qui restent attachés aux fondements du FFS. «Le parti est devenu une machine qui broie ses cadres. Nous sommes broyés, chacun à son tour, par cette machine», a soutenu un ancien cadre, avant de préciser: «Tous ceux qui ont été traînés dans les tribunaux et jetés en prison par le régime pour avoir assumé et initié des actions politiques au nom du FFS sont, malheureusement, mis à l'écart ou contraints à démissionner.» Cette sentence revient en effet dans la bouche de plusieurs cadres qui se sont initiés en politique sous les couleurs du FFS. Des cadres qui ont eu l'honneur de s'inscrire dans les annales du plus vieux parti d'opposition aussi bien durant la clandestinité qu'après l'ouverture politique. Aujourd'hui, ces derniers assistent, la mort dans l'âme, à l'émiettement de leur formation, accéléré par une direction qui est sortie de l'idéal politique du FFS. «Animés d'une volonté effective et assumée en faveur de l'aboutissement du rassemblement des énergies, nous appelons tous les cadres et militants restés fidèles et encore attachés aux principes fondateurs du FFS, jaloux de son autonomie à faire la politique pour concrétiser cet objectif», soutiennent des cadres du FFS, en charge de cette initiative. «Notre parti traverse une crise majeure. Elle se traduit par une dérive dangereuse dans ses principes, ses fondements et ses valeurs», lit-on dans une déclaration parvenue à notre rédaction. «Où va le FFS?» relève une déclaration qui sanctionne les débats engagés par des militants et cadres de la fédération de Tizi Ouzou, réunis à Bouzeguene jeudi dernier. Ces derniers soulignent que les débats engagés portent essentiellement comme objectif de sauver le FFS qui entame aujourd'hui un processus de normalisation et de proximité avec le régime. Certains cadres n'ont pas hésité d'ailleurs à pointer d'un doigt accusateur l'actuelle direction au motif d'avoir déraillé la voie principale de leur parti, dans un précédent rapport adressé à leur président. Pour des observateurs de la scène politique, cette guéguerre interne n'est en fait qu'une course pour la succession de Hocine Aït Ahmed à la tête du parti. En effet, les appétits s'aiguisent maintenant que le président du FFS est âgé et malade. «Paradoxalement, au lieu d'apporter des repenses aux attentes des militants, l'actuelle direction fait dans l'intox, l'intimidation, la corruption et menace de sanctionner», précise-t-on dans la déclaration. «Profitant de l'âge avancé de Hocine Aït Ahmed et de son mauvais état de santé, l'actuelle direction a trouvé son compte et fait du FFS un appareil de répression contre ses propres militants et cadres», témoigne sous l'anonymat un membre du conseil national du FFS. Le même responsable s'est montré par ailleurs interrogatif quant au vrai rôle de Mohand Amokrane Chérifi, ex-ministre dans le gouvernement de Kasdi Merbah et de Salima Ghozali, connue dans le monde de la presse. Deux noms qui sont, faut-il le dire, présentés comme étant des pompiers du feu à la maison FFS et même décideurs du parti. Au FFS des voix s'élèvent et soutiennent que ce sont eux qui assurent la liaison entre Alger et Lausanne. Les mêmes voix notent également que Mohand Amokrane Chérifi et Salima Ghozali sont les rares cadres que reçoit le leader charismatique du FFS. Ils sont même, dit-on, pressentis dans la nouvelle équipe gouvernementale. Ils bénéficient de la bénédiction du président du FFS quoiqu'ils soient coupés de la base militante. D'autant plus, ils vivent également, à l'instar du vieux chef de l'opposition, sous d'autres cieux, tout en gardant avec lui une proximité certaine. Que reste-t-il aujourd'hui du FFS contesté par ses propres cadres réduits au silence ou menacés d'exclusion s'ils osent débattre ses idées? Où sont les raisons inavouées des sanctions décidées contre des cadres (143) du parti, qui ont eu le courage politique d'appeler à une conférence nationale des cadres du parti pour débattre des questions liées à la gestion de leur formation? Ce sont enfin autant de questions auxquelles la base militante n'a pas de réponse.