Au menu : le développement des investissements en Méditerranée. C'est au lendemain de la réunion de la troïka européenne à Rome, à laquelle a pris part M.Abdelaziz Belkhadem, que le ministre du Commerce, M.Nouredine Boukrouh se rend à Marseille, à l'invitation de M.François Loos, ministre français délégué au Commerce extérieur, en prévision de la convention régionale sur le partenariat euro-méditerranien, qui aura lieu le 7 novembre 2003. Organisée par le ministère français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, cette rencontre se propose d'aborder deux axes prioritaires : le développement des investissements en Méditerranée et les voies et moyens pour donner une impulsion nouvelle au partenariat euro-méditerranéen. Ces deux déplacements des ministres algériens en Europe ne peuvent pas passer inaperçus, puisqu'ils remettent au goût du jour le calendrier des relations algéro-européennes, à l'ombre de l'accord d'association signé le 22 avril 2002. Les procédures de ratification sont en bonne voie, puisque après avoir été ratifié par la Suède et l'Irlande, l'accord est soumis aux parlements français, italien et autrichien pour les mêmes raisons. Malgré la satisfaction toute diplomatique exprimée par M.Abdelaziz Belkhadem à Rome, il va sans dire que l'entrée en application de cet accord aura des conséquences douloureuses sur l'économie algérienne, notamment avec l'entrée en vigueur, progressive certes, du démantèlement tarifaire, qui reste le point d'achoppement de tout le dispositif. D'autant plus que si l'on se réfère à la proposition européenne, la partie algérienne aura à accepter une mise en oeuvre intermédiaire qui se traduira dans les faits par une ratification de l'accord par ses instances légales suivie par une application «de ses dispositions d'une manière unilatérale, tout en supportant seule ses implications sur les divers domaines économiques». Il va sans dire que les Algériens ont émis des réserves à une telle proposition. C'est tout le partenariat euro-méditerranéen qui est appelé à être relu à la loupe de l'entrée en vigueur de ces accords d'associations, alors même que l'Algérie fait remarquer justement l'insuffisance des aides qui lui sont accordées dans le cadre du programme Meda, qui sont de 100 milliards d'euros actuellement et qui sont loin de répondre aux besoins réels de la mise à niveau du tissu industriel algérien. Obnubilé sinon handicapé sur le plan économique par l'omnipuissance de la mono-exportation d'hydrocarbures et sur le plan politique par la question des droits de l'homme, l'Algérie qui n'a pas su se départir d'une bureaucratisation écrasante et de la compétitivité de son appareil productif, y compris dans le domaine des services, n'est donc pas en position de force dans ses négociations avec la partie européenne, au moment même où elle mène des négociations très serrées pour son adhésion à l'OMC. Les efforts de marketing faits par des ministres algériens, comme M.Boukrouh, pour séduire les investisseurs et attirer les capitaux directs étrangers se heurtent toujours à cette question lancinante de la réalité des échanges économiques Nord-Sud : les Européens ne s'intéressent à l'Algérie qu'en tant que déversoir pour leur production, alors que des points ont été marqués dans le domaine de la croissance, plus de 5 % entre 2003 et 2006, et de grands équilibres macro-financiers. Ces paramètres sont pourtant incapables d'entraîner et de dynamiser la machine économique. Surtout que cette fameuse croissance ne concerne que les secteurs de l'agriculture et des hydrocarbures, le secteur industriel traînant la patte ave aux d'à peine 2 %.